08. Mariage

Les premiers accords de la marche nuptiale de Mendelsohn [ entre nous, meilleure que celle de Wagner ] emplirent l'église.
Selon la coutume, j'entrai en bonne dernière, AUdrey dans sa robe blanche de demoiselle d'honneur me suivant.
Le bruit de son pas léger était vacarme à mes oreilles. Comparativement, je me sentai lourde et vide de toute émotion.
Pourquoi avais-je dis oui ? Pourquoi m'apprêtai-je à dire oui ?
Pour m'enfermer dans une vie bien rangée ?
Ca me revenait ... Parce que Matt était revenu pile au moment où je m'effondrai, et que ses bras m'avaient retenue. Ils ne m'avaient pas tirée du gouffre, mais au moins j'étais restée en équilibre.
Et cet équilibre, je m'en rendai compte, n'avait été qu'une illusion.
J'avais renoncé, et désormais, il était trop tard.
Me dérober ruinerait la vie Matt, et je pourrai peut être lui apporter quelques années de bonheur -qu'il partagerait évidemment seul-. Mon existence me paraîtrait peut être moins minable si je ne me réveillai pas seule chaque matin. Ou peut être encore pire.
J'arrivai enfin à côté de Matt, qui me sourit de toutes ses dents.
Il contempla discrètement ma robe, mon enrobage, puis reporta son attention sur le prêtre.
Encore une erreur. Pourquoi se marier à l'église, si je remettai en cause chaque pierre soutenant ce bâtiment et cette secte ?
- Mes biens chers frères, nous sommes réunis en ce jour béni, offert par le Seigneur, pour célébrer l'union de deux êtres qui s'aiment ...
Pour l'amour, j'étais bien la dernière à avoir été mise au courant.
- Dieu, dans Son amour, va les unir ...
Combien de conneries pouvait-on proférer en deux phrases, et dans toute une messe ?
Je me déconnectai du débitage du prêtre pour me concentrer sur la gerbe de fleurs ornant l'autel. Ma mère avait fait du beau boulot.
- Si quelqu'un a une raison de s'opposer à cette union, qu'il parle maintenant, ou qu'il se taise à jamais ...
Je revins vaguement à la réalité, le discours légèrement étouffé par mon océan de tristesse.

J'attendais en me rongeant les doigts sur les marches de l'église. Elle était en train de se marier et moi je restai là comme un con à attendre. Elle était entrée depuis un petit moment et je l'avais suivie du regard, impuissant, pouvant seulement la détailler de loin.
Sa robe blanche harmonisait ses formes en haut, avant de s'évaser sur
ses jambes et ses cheveux bruns et bouclés étaient remontés en un
complexe chignon piqué d'une rose blanche. Elle portait un bouquet de
coquelicots d'un rouge qui tranchait avec ses habits et sa peau clairs.

Oh mon Dieu, elle était merveilleuse !
Nan, mais pourquoi j'dis ça moi ?
Bon on reprend.
Excusez-moi.
Oh putain, comme elle était belle !
Encore plus que d'habitude.
Parfaite.
Jusqu'à ce jour je croyais la perfection impossible, où plutôt, je pensais qu'elle l'avais déjà atteint. Il faut que je me fasse à l'idée qu'elle arrive à bouleverser mes certitudes en un battement de paupière. Mais justement, là, rien. Ses yeux fixaient un point imaginaire, un horizon teinté de couleur, un avenir sans moi, sans bouger un cil. Peut-être s'est-elle déjà fait une raison.
Moi je ne l'abandonnerais jamais.

C'est pour cela que j'attendais le signal de Lucas. Il devait me prévenir au moment du célèbre "Que celui qui s'oppose à ce mariage parle maintenant ou se la boucle jusqu'au divorce, où il pourra enfin faire : Ahaha j'vous l'avais dit !". Bon, c'est vrai que la version originale est plus solennelle mais je trouve que celle-la est plus juste.
Je me levais et me répétais sans cesse, tout en faisant les cent pas devant la porte, le discours qu'on avait mit plusieurs jours à mettre en place avec mes amis. J'étais prêt. Ne manquait plus que le signal.
Un long sifflement retentit depuis l'église.
Enfin.

Je me mis devant la porte et poussai les deux battants pour entrer. Comme Aragorn. J'ouvris la bouche pour dire "Moi je m'y oppose." mais au moment où je croisai le regard de l'heureuse élue tous mes mots s'envolèrent comme des colombes trop pressées de reprendre leur vol. Enfin plutôt comme des pigeons qu'un gamin sadique a fait fuir.

- Je... je...

Pas très glorieux certes, mais c'est tout ce que j'ai réussi à dire avant qu'une grosse dame avec un chapeau à plume fasse une remarque sur ma façon de m'habiller : un short à fleur et un T-Shirt blanc. J'allais quand même pas mettre ma cravate à pois roses ! Mais je n'y fis pas attention. Je m'étais perdu dans l'océan de ses yeux qui se remplissaient peu à peu d'espoir.

J'étais là, figé en plein milieu de l'allée, entourés de plein de monde sur leur trente-et-un qui me regardait bizarrement mais je ne voyais qu'elle. Je fis un mouvement timide dans sa direction et la voix claquante d'un homme grand et assez beau me réveilla :

- T'es qui toi ? demanda Matt.

Celui qui aime plus que tout la personne à ta droite.
Celui qui la connait mieux que personne.
Celui qui l'a vu grandir.
Celui qui lui a renversé un milk-shake sur sa robe rouge.
Celui qui lui a offert une glace à la fraise.
Celui qui aimerai être à ta place.
Celui qui va te casser la gueule pour l'avoir embrassé
Ouais, c'était bien cette version.

J'avançai à grands pas vers le futur couple, presque en courant et arrivé à un mètre de lui, j'envoyai une formidable droite dans la gueule de Matt sans qu'il puisse réagir. Du sang se mit à couler de son nez cassé et tacha la robe de Nola lorqu'elle se précipita vers lui pour le ramasser.

- Son petit ami.

Matt ouvrit deux grand yeux étonnés et Nola se redressa les mains sur les hanches. Elle lança avec colère :

- Tu l'étais mais tu m'a quitté et j'ai refait ma vie. Sans t..
- Tu as refait ta vie sans moi ? Tu te rends compte de ce que tu dis ?
- Je...
- Je n'ai jamais cessé de t'aimer et si tu peux être sure de quelque chose dans ta vie c'est bien de mon amour. De notre amour.
- Amour ? intervint Matt, la main devant le visage. C'est quelqu'un amoureux qui l'a fait pleurer en partant je-ne-sais-où ? Qui l'a laissé pleurer ? Mais qui l'a alors consolé ? Qui l'a prise dans ses bras ? Qui l'a veillé toute la nuit parce que ses larmes ne se tarissaient pas ? Quel est l'imbécile qui lui a ôté tout désir de vivre pendant si longtemps ? Qui ne voulait que la sauter vite fait et se casser avec la première venue ? C'est pas de ma faute si tu n'assume pas qu'elle refasse sa vie sans toi.

Ces paroles chargées de haine me mirent hors de moi. Et je m'apprêtais à l'étrangler quand la main de sa fiancée claqua sur la joue de Matt. Ne lui adressa plus aucun regard, elle se tourna vers moi, et pour être sure de faire le bon choix, elle ordonna :

- Dis-le.
- Je t'aime.
- Moi aussi.

Je la pris alors par les hanches et je l'embrassai comme un drogué qui prends sa dose après trois jours.
Comme un homme amoureux.

Un sifflement fût poussé par une personne de l'assistance. Tout de suite après, les lourdes portes de l'église furent poussées, laissant entrer la lumière du jour dans ce lieu sombre - d'où je ne percevai aucune lumière divine -.
Je ne pus m'empêcher de sourire. C'était Alex. Je l'avais abandonné, lui n'avait pas renoncé, ce que j'aurais dû faire.
Je me détournai lentement - bien après Matt -, et affrontai le regard de l'homme que j'aimais.
Il avait apparemment préparé une entrée théâtrale, mais il ne réussit qu'à bafouiller.

- T'es qui toi ? lança brusquement Matt, sentant un danger.
Alex sembla réfléchir quelques secondes, puis s'élança vers nous. Il courait. Arrivé à côté de Matt, il lui balança son poing dans la figure, et le sang s'échappant du nez cassé de mon fiancé tacha ma robe blanche.
Je me précipitai pour le ramasser.
- Son petit ami.
Il ne manquait pas de culot !
- Tu l'étais mais tu m'as quittée, et j'ai refait ma vie ! Sans t...
- Tu as refait ta vie sans moi ? Tu te rends compte de ce que tu dis ?
- Je ...
Il m'interrompit une fois de plus.
- Je n'ai jamais cessé de t'aimer et si tu peux être sure de quelque chose dans ta vie c'est bien de mon amour. De notre amour.
Mon coeur se serra, et je me souvins d'un après-midi d'été.

Ma mère m'avait offert une robe rouge pour mes douze ans. Je l'avais enfilée, et j'avais rejoint Alex au parc. Il avait acheté deux milk-shake. Dans le parc, il y avait un autre garçon, qui m'avait regardée, puis m'avait proposé de m'emmener au cinéma.
Alex avait alors renversé son milk-shake rose à la fraise sur ma rose, l'arrosant copieusement, et de ses mains, avait étalé le tout.
Cet après-midi là, j'avais choisi Alex. Et j'en étais presque sûre, aujourd'hui, je ferai le même choix.

- Amour ? intervint Matt, la main devant le visage. C'est quelqu'un amoureux qui l'a fait pleurer en partant je-ne-sais-où ? Qui l'a laissée pleurer ? Mais qui l'a alors consolée ? Qui l'a prise dans ses bras ? Qui l'a veillé toute la nuit parce que ses larmes ne se tarissaient pas ? Quel est l'imbécile qui lui a ôté tout désir de vivre pendant si longtemps ? Qui ne voulait que la sauter vite fait et se casser avec la première venue ? C'est pas de ma faute si tu n'assumes pas qu'elle refasse sa vie sans toi.

Je giflai Matt. Je ne savai certes pas où Alex était parti ses derniers temps, mais j'étais presque sûre que ce n'était pas pour les raisons que Matt avait évoquées.
- Dis-le.
- Je t'aime.
- Moi aussi.
Méprisant l'assistance, il m'attira à lui, posa ses mains sur ma taille, et m'embrassa comme jamais il ne l'avait fait.
Ma vie pré-programmée avec Matt défila devant mes yeux alors qu'Alex s'écartait doucement.
Je m'en lasserai bien plus vite qu'une rose fane.
Je faisai le bon choix.

Je collai mon bouquet de coquelicots dans les bras de mon ex-fiancé, prit la main d'Alex, et l'entraîna vers la sortie.
Je ne prononçai aucune parole à l'attention de ma famille et de mon ex-future-belle-famille.
Qu'ils pensent ce qu'ils voulaient. Leur opinion m'importait si peu.
- Je vous emmerde tous ! criai-je joyeusement avant de sortir.

Une fois dehors, je posai ma main sur son torse.
- Merci d'être venu.
- Tu ne vas quand même pas pleurer !
- Tu me prendras alors dans tes bras ...
- Pourquoi tu te donnes autant de mal ?
Un coup de klaxon attira mon attention. Assis dans une vieille B.M blanche, Lucas dardait son regard sur nous.
- Je suppose qu'il a quelque chose à voir dans cette histoire ?
Il sourit, et m'ouvrit la portière arrière, puis s'installa à côté de moi.

- Je vous dépose où, messieurs-dames ? s'enquit Lucas.
- Chez moi, répondis-je. Tu connais le quartier des Peintres ?
Lucas hocha la tête, non sans me regarder, énigmatique, puis démarra.
Ignorant notre chauffeur improvisé, Alex m'embrassa fougueusement, et j'entendis Lucas grogner.
- Retenez-vous, je vais vomir !
Les lèvres d'Alex se détachèrent des miennes quelques secondes, le temps de répliquer :
- Augmente le volume de la radio, alors !

Once upon a time ...

Allongés sur le lit de mon studio, main dans la main, nous fixions le plafond, perdus dans nos pensées.
Je ne regrettais pas ce que j'avais fait. J'avais dit oui au bonheur, et pour une fois, en ne pensant qu'au mien.
Je devrais d'ici peu affronter les conséquences, mais je n'avais pas peur. J'étais désormais sure qu'Alex me soutiendrait.
Et que nous ne laisserions plus le destin nous séparer.

- Je t'aime, murmura-t-il en s'allongeant sur le flanc pour me regarder.
- Tu me l'as déjà dit.
- Et alors ?
Il plongea ses yeux dans les miens, et je sentis mon âme chavirer.
J'étais ici, dans ma petite chambre blanche et à la fois à des milliers de kilomètres, là où le ciel pénètre la terre.
Ce n'était qu'Alex, et pourtant, à chacun de nos contacts, mes réactions étaient de plus en plus perceptibles.

Je me lovai contre son torse, encore plus musclé que la dernière fois.
- Qu'est-ce que tu as fabriqué pour autant ressembler à Hulk ?
Il fronça les sourcils.
Je passai mes doigts sur les contours de ses abdos, et il saisit.
- Pendant ces trois dernières années, j'étais en Afrique. Infirmier humanitaire.
- Waouh ! m'exclamai-je, surprise. Et ?
- La savane, la liberté, l'accueil des africains ... Les mots ne sont pas assez forts pour décrire cette beauté.
- Tu y retourneras ? demandai-je, curieuse.
- Tu veux déjà que je m'en aille ? Ou t'as peur que je parte ?
- Ca ne m'a pas effleuré l'esprit. Mais la façon dont tu en parles, c'est ... comme si ça te manquait énormément.
- Je suis là, maintenant, avec toi.
- Je ne veux pas entraver tes rêves.
- Sans toi, mes rêves n'existent pas.
- Tu es devenu poète.

Il sourit, probablement flatté. J'étais inquiète, et je me détestais pour cela. Maintenant qu'il avait de nouvelles attaches, j'avais peur qu'il parte, me trouvant trop fade. Je n'arrivai pas à vivre l'instant présent, et à oublier mes craintes.
Sentant ma tension, sa main, chaude, se posa sur ma joue.
Je fermai les yeux pour mieux ressentir ce contact apaisant.
Mon esprit se vida peu à peu de son anxiété, et je détendis mes muscles.
- Au fait, j'ai oublié de te dire que tu es magnifique dans cette robe.
- Merci du compliment. Mais je ne vais pas la garder trop longtemps, elle me comprime le ventre, j'ai du mal à respirer.

Il s'appuya sur ces coudes, et passant au-dessus de moi, se retrouva derrière mon dos.
- Euh ... je peux savoir à quoi servent ces accrobaties ?

Ses mains, légères, commencèrent à délacer le corset.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Je t'empêche de mourir étouffée par une robe !

Une fois que ce traître de corset fût entièrement délacé, j'inspirai profondément.
Les mains d'Alex se posèrent sur mon dos, et il dessina les contours de mon omoplate et celles de ma tache de naissance.
Je me retournai, et ses mains s'enroulèrent autour de moi. Il me serra contre lui, et j'enfouis ma tête dans son cou.
Je devais développer un toc. Je ne pouvais m'empêcher de respirer son odeur merveilleuse dès que j'en avais l'occasion.
Il releva ma tête et m'embrassa.
J'attachai mes bras autour de son cou, et laissait le bonheur envahir chacunes de mes cellules.

Nola était blottie contre moi et j'étais très heureux qu'elle le soit. Pourtant il me manquait quelque chose. Et le pire c'est que je savais quoi. J'espérais qu'elle l'accepterait mais rien n'était moins sûr.
Elle perçu mon trouble lorsque mes doigts arrêtèrent de dessiner des cercles sur la peau nue de son dos.

- Vas-y, dis-moi tout !
- Non, tu vas être fâchée. Ou triste, ce qui est encore pire.
- C'est grave ?
- Plutôt.

Elle se figea et plongea ses somptueux yeux dans les miens, me suppliant presque de lui avouer. Je baissai les yeux et je commençai, honteux :

- Pendant ces années, je... je suis tombé amoureux.

Elle recula et m'observa, indéchiffrable.

- Elle s'appelle comment ? demanda-t-elle d'une voix que je savai muselée pour l'empêcher de trembler.
- Afrique !

Elle explosa de rire et je souris, en lui ébouriffant les cheveux.
Tant pis.
Elle ne l'avait pas pris au sérieux, je réessayerais une autre fois.
Il fallait qu'elle sache.
J'avais besoin de retourner la-bas. J'en avais envie. Mais je savais que Nola ne voudrait pas tout quitter pour moi. Elle avait sa famille, ses amis, son resto, ses repaires. C'était compréhensible. Je savais que je n'arriverais pas à combiner mes deux amours.
Je devais choisir.
Je savais qu'une relation longue distance ne nous réussirait pas forcément. Comme dit le proverbe "Loin des yeux, loin du coeur". Nola n'était pas comme ça, c'était certain. Pourtant c'est ce que je me disais, car je ne voulais pas risquer de la perdre à nouveau.
La quitter pour m'installer là-bas ? La question ne se posait même pas, c'était inadmissible, impensable, inimaginable, insoutenable, et toute une série d'adjectif dans ce genre.
Oublier l'Afrique et vivre avec elle ? C'était l'option la plus sensée, et celle qui me faisait le plus mal.
Quitter la liberté pour l'amour ?
Abandonner toutes ces personnes pour une seule ?
C'était égoïste. Mais pas pour nous.
Je soupirais et l'embrassai avec la force du désespoir que m'apportait ma décision. Elle me rendit mon baiser avec amour, ignorante à ma bataille intérieure.

- Je t'aime.
- J'm'en fout.
- Je veux passer le reste de ma vie à tes côtés.
- C'est à moi que tu parle ?
- Embrasse-moi ?
- Et puis quoi encore ? répliqua-t-elle avant de déposer ses lèvres fines sur les miennes.

Après un long baiser, je me levais. Je voulais quitter cette robe qui m'enserrait la taille et qui était immense.
J'ouvris mon placard à la recherche d'une tenue.
Alex, allongé sur le flanc, les mains derrière sa tête, me regardait.
- Un problème ? lança-t-il.
- J'ai plus rien à me mettre ... gémis-je.
- Alors ne mets rien ...
Je l'observais, il me souriait. Je repoussais une mèche derrière mon oreille pour me donner une contenance.
Je soupirai, et pris un short en jean et un débardeur. Alors que je m'apprêtais à quitter la pièce, il se leva et en deux mouvements saisit mon poignet.
- Où vas-tu ?
- Ben ... me changer !
- Tu es ma prisonnière. Je ne te quitte pas des yeux.
Je levais les yeux au ciel.
- Bon, alors aide-moi à enlever cette robe.

Il défit les boutons dans mon dos, et je sentis quelques fois ses mains s'attarder sur ma peau. Il était brûlant, mais je frissonai à son contact.

La robe blanche tomba au sol, et j'inspirai, libérée de son poids. Les robes de mariées sont certes très jolies, mais encombrantes, lourdes et inconfortables.
J'enfilai rapidement ma nouvelle tenue, essayant d'ignorer son regard rivé sur mon corps.
Il me poussa sur le lit, et s'affala à côté de moi.
Ne réfléchissant pas, je lui retirai son T-shirt et posai ma tête sur son torse, admirant sa musculature.
Il me caressa les cheveux.
- Je suis atteinte du syndrôme de Stockholm. Je suis éprise de mon raivsseur.
Il m'allongea sur le dos et plaqua son corps sur le mien.
- Tu es toujours aussi imposant, mon pote.
- Méfie-toi, je pourrai me venger.
- Même pas peur !
Il secoua la tête et m'embrassa, encore et encore.
Puis, conscient que je commençais à étouffer, et à mon plus grand regret, d'ailleurs, il se recoucha à mon côté.

Au bout d'un moment, je me résolus à lui demander.
- Avec Afrique ... c'est sérieux ?
- Oui.
- Je suis jalouse.
Il me fixa, hésitant, se mordant les lèvres et passant sa main dans ses cheveux, geste inhabituel.
- Allez, dis-moi ce que tu veux me dire.
- Ca te dirait que je vous présente ?
- A une condition.
- Laquelle ? dit-il, l'espoir peignant ses traits.
- Eh bien ... J'ai ...
- Nola. Quoi ?
- C'est débile. Tu me protégeras des moustiques ? dis-je avec un grand sourire.
Il ébouriffa mes cheveux.
- Marché conclu. Au moins, tu m'as fourni une excuse pour que je dorme avec toi.

- Alex ... commençai-je. Je ne veux pas que tu n'accomplisses pas tes rêves parce que tu as peur de me perdre. Je t'attendrai plus d'un siècle, s'il le faudrait. Et je te suivrai n'importe où, qu'importe les conséquences, parce que je t'aime. Alors cesse de douter, et demande-moi ce que tu veux, qu'importe que ce soit égoïste ou autre. Je ne veux que ton bonheur.
- Et moi le tien, souffla-t-il.
- Tant que je serais avec toi, je serais heureuse.
Il me sourit, et posa encore une fois ses lèvres sur les miennes.