13. Convalescence

Je m'extirpais douloureusement des bras anesthésiants du sommeil. Mon corps était raide et courbatu.
Alex était assis sur le fauteuil en face du lit et me sourit.
- Tu as faim ? demanda-t-il avec peu d'espoir.
- Change de disque, répondis-je, la voix pâteuse et éraillée.
- Comment tu te sens ?
- On peut pas arrêter de me mettre au centre du monde cinq minutes ?
Il se leva et posa sa main sur mon front.
- Tu es brûlante, constata-t-il.
- Serais-je malade ? lançai-je dans le vide, amère.
- Je suis désolé, Nola. Ne pas penser aux vaccins avant de t'embarquer en Afrique, c'était irresponsable ...
- Laisse tomber. C'est moi la mélodramatique rongée de culpabilité dans le couple, non ?
- Je ne vois pas ce que tu as à te reprocher.
- Juste deux trois trucs. Le fait de te pourrir la vie, par exemple. Ce n'est pas sain pour toi de traîner ici, ça empeste la maladie, je suis d'un ennui mortel et tu t'emmerdes quand je dors, ce qui arrive tout le temps.
Je fermai les yeux, prise de vertige après un aussi long discours.
Je sentis qu'il voulait me prendre dans ses bras, mais il croisa les croisa sur son torse, se retenant pour ne pas essuyer un rejet de plus.

Pourquoi avais-je érigé cette barrière entre nous, au juste ?
Je ne lui en voulai pas, comment aurais-je pu d'ailleurs, mais je me sentais mal.
Rien de ce que je disais ne me rappelait le moi rassurant et familier. J'étais amère, froide et cynique.
Et lui, roi de la patience, encaissait tous les chocs sans baisser la tête.
Mais qu'avais-je donc fait pour autant me perdre ?
- Pourquoi te fatigues-tu, Alex ? chuchotai-je. Je ne mérite rien de cela.
- Je t'aime, et ça me suffit.

Je fus parcourue d'un frisson.
- Moi aussi je t'aime.

Je m'endormis, là, sur le lit, la main d'Alex posée sur ma joue, contact chaud et rassurant.
Dire quelque chose à voix haute, le prononcer et l'assumer, même si on en est intimement convaincu et qu'on l'a déjà fait des millions de fois, aide.

Pour la deuxième fois de la journée, je me réveillai.
Plus rien ne me semblait irréel.
J'étais glacée, je grelottais, mon estomac envoyait des ondes de douleur dans mon corps, je me sentais nauséeuse et pâle.
Mais j'étais vivante.

Alex était allongé à côté de moi, toutefois à une distance prudente.
Je posais doucement ma tête sur son torse pour sentir les battements lents et réguliers de son coeur.
Il était brûlant et cela me réchauffa quelque peu.
Il ouvrit les yeux, et me regarda, étonné.
- Tu es brûlante.
- Pourtant j'ai froid.
Il tira la couverture et nous nous glissâmes en-dessous.
Là, le plus naturellement au monde, je repris ma place dans ses bras.
- Je ne sais pas ce qui s'est passé. Je ne veux pas le savoir. Je veux juste rester avec toi.

J'étais là, dans les bras chauds d'Alex. Tout allait pour le mieux.
Je ne m'étais jamais perdue. Je m'étais retrouvée.

- Nola, ça va ?
- Nan.
- Ouvre cette porte !
- Nan.
Je l'entendis vomir dans la cuvette des WC.

Cela faisait plus d'une semaine que le médecin était passé mais Nola n'allait toujours pas mieux. Au contraire.

Il était trois heures du matin et j'étais crevé.
Je commençais ma journée de travail dans quatre heures et je n'aurais jamais assez dormit.

Chaque nuit, Nola se réveillait. Et vomissait. Ou grelottait. Ou était brûlante. Elle avait recommencé à dormir dans mes bras, pour mon plus grand bonheur. Mais cela me faisait sortir du lit en même temps qu'elle.
Et je n'en pouvais plus.

J'arrêtai de frapper à la porte de la salle de bain et je me laissai tomber sur le canapé.
Je m'endormis en quelques instants.


Je sortis du pays des rêves bien plus tard. Alors que le soleil s'était déjà couché. Sûrement depuis longtemps

- Et putain... marmonnai-je.
- Pas très élégant comme réveil..
J'ouvris les yeux et je vis Nola assise en tailleur sur le sol près de moi.
Elle avait toujours les mêmes traits fatigués et misérables mais elle souriait.
Ce qui était un exploit incroyable.

- J'ai deux nouvelles, une bonne et une nouvelle. Laquelle veux-tu entendre en premier ?
- La mauvaise.
- Pour mal commencer la journée c'est ça ?
- Quoi ??? C'est déjà le matin ?
- Depuis quelques minutes oui.
- Haan.... J'ai dormis tellement longtemps ?
- Et ouais. Bon, bref. La mauvaise nouvelle c'est que t'es viré. Ton ancien patron a appelé. Comme tu es pas venu, que tu as pas prévenu et qu'en plus tu ne lui donnais pas une entière satisfaction car tu n'était pas complètement compétent, ce sont ses mots, il préfèrerait te renvoyer.
- Super... Et la bonne nouvelle ?
- Le médecin a aussi appelé. Il a mon vaccin. Il faut que tu m'emmène à l'hôpital le plus vite possible.
- Il a téléphoné il y a combien de temps ?
- Ben, c'était à midi, je te laisse faire le calcul...
- Haan... T'aurais pu me réveiller !
- Tu avais besoin de sommeil... Et comme j'en étais en grande partie responsable, j'ai préféré te laisser dormir.

- Merci.
Je me levai et m'approchai d'elle. Ses lèvres étaient sûrement plus gercées que les autres fois mais je n'y fis pas attention.
Je l'embrassai.
Je l'aimai.
Et c'était tout ce qui comptait
.
Je lui pris la main et l'emmenai voir le médecin de garde.
Elle vacilla quand je la tirai un peu trop brusquement.
- Oulaa, fais doucement. J'y arriverai pas à ce train-là.
Sans écouter ses protestations, de plus en pus faibles, je la pris dans mes bras et dévalai la cage d'escalier en la portant.

Son corps ne pesait presque plus rien.
Mais c'était bientôt finit.
Heureusement.

Le docteur m'enfonça sa seringue dans le bras et m'injecta le vaccin.
- Ca va ? s'inquièta Alex.
- Je ne suis pas en sucre.
- C'est ce qu'on dit ...
- Voilà, c'est bon, intervint le médecin. Maintenant, repos total pendant trois semaines. Vous feriez mieux de rester au lit, et de prendre les antibiotiques jusqu'au bout, même si ça va mieux. Et la prochaine fois que vous partez en pays exotique, pensez à vous faire vacciner.
- Merci, docteur, dit Alex.
Il nous sourit, serra nos mains et sortit, en nous indiquant l'accueil pour règler les frais de transport du vaccin.


Vingt minutes plus tard, Alex fermait la porte de l'appartement.
Il me poussa gentiment vers la porte.
- Allez, au lit, princesse.
- Va te faire voir, marmonnai-je.
- Ne sois pas vulgaire, chérie !
Je me figeai, et lui me regarda, ne comprenant pas ma réaction.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Tu veux bien me lâcher ?
- Pour quelle raison ?
- Si tu tiens à ton pull ...
Il relâcha mon bras et je me précipitai à la salle de bains pour mon activité favorite.
Mais comment pouvais-je encore vomir, alors que je n'avais rien avalé depuis au moins cinq jours ?
Alex se tenait dans l'embrasure de la porte.
- Dégage, chuchotai-je faiblement. Va te promener.
- Et te laisser te vider, seule ?
Je tirai la chasse d'eau et allai me passer de l'eau sur le visage.
Mon reflet était encore plus repoussant. Côté couleur, j'aurais fait une parfaite gothique tellement j'étais pâle. Yeux hagards, lèvres craquelées et cheveux collés au front par la sueur.
- Tu fais comment pour pas t'enfuir en courant ?
- Tu veux manger quelque chose ?
- Des fraises ...
- Je vais t'en chercher !
- C'est bon, pas la peine de réaliser chacune de mes lubies ! criai-je, mais il enfilait déjà son manteau.
- Je suis de retour dans dix minutes !

Profitant de son absence, je pris une douche glacée.
J'étais fatiguée, mais je me sentais déjà mieux. Efet Placebo, certes, mais l'essentiel était que ça fonctionne, alors ...
Je passai un pull vert à col roulé et un de mes éternels jean.
Ca allait déjà mieux.

Je m'asseyai sur le divan avec un livre.


Une odeur sucrée me tira du sommeil, et je me relevai péniblement, pliant quelques pages du livres au passage.
- T'aurais pu me dire plus tôt que les fraises te faisaient cet effet ...
- T'es complètement malade ... T'as trouvé où des fraises en cette saison ?
- Ca c'est mon secret. Alors tu t'assois, et tu manges.
- Demandé aussi délicatement ...

J'avalais une autre bouchée de pâtes.
- Et alors ? Elle va mieux Nola ?

Je déglutis et je répondis à Lucas, que j'avais invité à déjeuner dans un super restaurent italien :
- Ouais je crois. En tout cas on dirait. Elle mange de nouveau en tout cas. Je pense que ça veut dire qu'elle va mieux.
- Sûrement. J'espère qu'elle sortira bientôt de sa chambre, que je la voie de nouveau.
- Ça ne devrais pas tarder. Tu seras le premier au courant quand elle posera un pied dehors.

Je pris une inspiration et je posais ma fourchette.
- Je voulais aussi te remercier. Pour tout ce que tu as fait pour elle, pour nous, pour moi... C'est... génial te connaître quelqu'un comme toi. Même si génial n'est pas assez fort.

C'est toujours au moment de faire des superbes déclarations que les mots me manquent. Je sais plus quoi dire. Et ce que je dis toujours les choses moins intensément que ce que je devrais et que je voulais.
Alors la plus part du temps la personne à qui je disais ces mots ne me prenait pas au sérieux, et ne me croyait pas.

Mais heureusement que Lucas était Lucas. Il comprit tout de suite ou je voulais en venir.
- Merci. Mais c'est rien. Tu aurais fait la même chose pour moi, mon ami.
- C'est énorme quand même, frèrot.
Il me sourit.

- Au fait, ça te dirais d'être mon témoin pour mon mariage avec Hanoko ?
- Ouais, pourquoi pas. Ça peut être marrant. C'est quand ?
- Mardi dans deux semaines.
- Ah, c'est dommage je peux pas venir. J'ai un rendez-vous chez le coiffeur.
- C'est gentil d'accepter.
- Toutes mes félicitations.



Je poussais la porte de l'appartement qui était devenu le notre à cause de la maladie de Nola.
- Coucou chérie, c'est moi.
- 'Lut !
- T'es où ?
- Au "salon" -on sentait les guillemets dans sa voix-, enfin si on peut appeler ça comme ça.

Je la rejoignis et la pris dans mes bras en m'asseyant près d'elle. La télé était allumée et il ne me fallut qu'un petit instant pour reconnaître le film.
- Vous avez confiance en moi ? lui demandai-je.
- J'ai confiance en vous, me répondis-t-elle.
- Je t'aime, Rose.
- Moi aussi je t'aime. Mais j'ai pas envie que tu sois Jack, parce que Jack il meurt à la fin du film.
- M'en fout je prendrais jamais le Titanic.
- Facile à dire alors qui pourrit au fond des océans !

Je l'embrassai tendrement.
- Comment tu vas ma douce ?
- Mieux.
- Alors je suis l'homme le plus heureux de la Terre, affirmai-je.

Elle me sourit.
Avec le genre de sourire qui réchauffe le cœur de gens.
Un sourire de l'intérieur.
Elle était le genre de personne à savoir sourire avec le cœur.

Mon état s'améliorait de jour en jour. Mais
J'avais mis à profit ma faiblesse pour me repasser ma collection de dvd.
Mais un vrai sentiment d'inutilité s'emparait de moi à chaque fois qu'Alex revenait. J'avais envie de sortir.

Nous étions allongés sur le lit dans ma petite chambre rouge, collés l'un contre l'autre.
- J'aimerais bien aller me promener.
- T'arrives pas à aligner trois pas sans t'effondrer !
- OK ...
- D'ici trois jours, tu devrais avoir récupéré, et alors je sortirai une poussette pour t'emmener, bébé.
- Rêve.
Il se mit à fredonner, et je fermai les yeux au son de sa voix.
Lili,take another walk out of your fake world
please put all the drugs out of your hand
you'll see that you can breathe without no back up
so much stuff you've got to understand
for every step in any walk
any town of any thought
i'll be your guide
for every street of any scene
any place you've never been
i'll be your guide

Ses lèvres se posèrent doucement sur les miennes et sa main passa sous mon dos.
Trop doux. Il ne faisait que m'effleurer.
- Tes muscles ont fondu ou quoi, Hulk ?
- Pourquoi ?
- Je ne sens même pas tes mains.
Il leva les yeux au ciel.
- Je te protège.
- De quoi ? ricanai-je.
- Tu es encore malade, Nola.
- On peut pas mettre ça de côté un instant ?
Il se rallongea à côté de moi.
Je n'allais pas abandonner aussi vite.
Je me couchai sur lui, et il me regarda, haussant un sourcil.
- Je te parlai de voyage, tout à l'heure ...
Il comprit immédiatement.
C'était Alex.
C'était Nola.
Nous étions deux.
Symbiose fugace le temps d'un souffle.



Il était parti au petit matin, en déposant un baiser sur mon épaule nue, pour aller chercher un petit boulot.
Nous n'avions plus un rond,pas même de quoi acheter un cadeau pour le mariage de Lucas et Hanoko.
Je repoussai le drap de mes pieds et me levai.
Je me sentais en pleine forme. Je m'habillai rapidement et passait une écharpe et un manteau.
Je claquai la porte de l'appartement derrière moi et dévalai les escaliers en courant.
C'était tellement bon de courir, de sortir !

Je me promenais dans les rues du centre-ville, flânant et saluant les gens qui me souriaient.
J'étais libre et pleinement heureuse. J'aurais certes souhaité la main d'Alex dans la mienne, mais on ne peut pas tout avoir en même temps ...


Une sueur glacée trempa subitement mon dos. Je me souvins alors que je n'avais pas mangé en partant, ni la veille au soir.
Ca commençait mal ...

Je m'effondrai en plein milieu de la rue, aspirée par les ténèbres.

- Laissez-moi passer !

Les gens semblaient faire exprès de m'empêcher d'avancer. Ils se rassemblaient tous sur mon chemin, me bousculaient, me donnant l'impression d'avoir à traverser un fleuve tumultueux.
Il me fallut un temps fou pour arriver à traverser le hall de l'hôpital.

Un médecin m'avait appelé d'urgence. Apparemment Nola avait fait une hypoglycémie dans la rue.

J'avais quitté avec précipitation l'entretient d'embauche que j'avais trouvé dans un vieux journal et j'avais accouru dans ce hall bondé, ne comprenant pas le pourquoi du comment.

- MERDE ! Vous allez vous bougez le cul ou quoi ? hurlai-je.

Mon éclat interrompit un instant le flot de personnes dans la pièce et je pus -enfin- accéder au comptoir de l'accueil.

La secrétaire, une jeune fille qui avait l'air de savoir ce qu'elle faisait, me sourit et me dit :
- C'est pour l'hypoglycémie ? Allez voir en salle 107, au premier étage.
Je la remerciai du regard et je courus vers les ascenseurs qui, évidemment, étaient pleins. J'abandonnai donc ma paresse et j'ouvris la porte de l'escalier de secours, montant les marches cinq à cinq. Ça aide d'avoir de très grandes jambes.

Je ne pris même pas la peine de toquer et je défonçai presque la porte pour arriver à son chevet.
Négociant avec agilité un dérapage combiné à un virage à 180°, ( Tout ça pour dire que je me suis cassé la gueule en arrivant dans la pièce. ) je m'approchais d'elle et de son corps nourrit par perfusions.

- Mais qu'est ce que t'as foutu ?
- C'est bon pas la peine de m'engueuler. Je fais ce que je veux. T'as rien à me dire.

J'éclatai de rire et elle se détendit. Je l'embrassai vigoureusement et je lui avouai :
- Tu m'a fais peur c'est tout. Tu vas bien ma belle ?
- Oui. Apparemment je suis guérie, je n'ai plus l'hépatite B. J'ai juste eu un moment de faiblesse et je suis tombée. Heureusement qu'il y a des gens bien qui passent dans la rue parfois.
- Ouais, le médecin m'a dit hypoglycémie.
- Oui. Rien de bien grave donc. Mais il y a autre chose.

Je me figeai, inquiet d'un coup.

- C'est grave ?
- Grave ? Non. Mais c'est important.

Je me mordis les lèvres, attendant son annonce. Je ne savais pas à quoi je devais m'attendre mais je stressais. D'après moi, aucune nouvelle appris dans une chambre d'hôpital n'était une bonne nouvelle.
J'espère très fort que ma théorie était fausse.

- Et ben... C'est-à-dire que... Je... Nous...
Elle soupira regarda le plafond et jura :
- Merde ! C'est juste que...

J'ouvrais doucement les yeux.
Un homme en blouse blanche était penché sur moi et avait sa main posée sur mon cou.
Bon, ce n'était pas Alex, même avec cinquante ans de plus.
Je lui envoyai mon poing dans la figure.

Il recula en portant sa main à son nez, et je pris conscience de la pièce où je me trouvais.
A premier aperç, une chambre d'hôpital. Et le papy était un médecin.
- Je suis désolée !
- Ca va. Comment vous sentez-vous ? me demanda-t-il en souriant.
- Bien.
- Vous venez de faire une hypoglycémie, mademoiselle. Ce n'est pas à prendre à la légère. Au fait, on a prévenu le seul numéro enregistré sur voter portable, d'un certain Alex.
- OK.

Je remarquai alors les deux perfusions plantée dans mes bras.
- C'est quoi ça ?
- Des perfusions de glucose.
- Vous pouvez me les enlever ?
- Pas encore. Désirez-vous manger quelque chose ?
- Je ne suis pas anorexique.
- Je ne l'ai jamais pensé.

Il me sourit et sortit de la pièce.
Bon, il me restait plus qu'à attendre Alex, qui me passerait probablement un savon.
J'arrachais les perfusions de mon bras et les jetai au sol.
Quelques secondes après, le médecin revint.
- Je viens d'avoir les résultats de vos examens, qu'on vous a fait passé quand vous êtiez dans les vapes.
Il me tendit une radiographie et je la soulevais pour la regarder.



La porte s'ouvrit à la volée et Alex se précipita sur moi, tomba, se releva et enfin fut à côté de moi.
Mais qu'est ce que t'as foutu ?
- C'est bon pas la peine de m'engueuler. Je fais ce que je veux. T'as rien à me dire.
Il éclata de rire et déposa un baiser sur mes lèvres.
Tu m'a fais peur c'est tout. Tu vas bien ma belle ?
- Oui. Apparemment je suis guérie, je n'ai plus l'hépatite B. J'ai juste eu un moment de faiblesse et je suis tombée. Heureusement qu'il y a des gens bien qui passent dans la rue parfois.
- Ouais, le médecin m'a dit hypoglycémie.
- Oui. Rien de bien grave donc. Mais il y a autre chose.
- C'est grave ? s'inquièta-t-il.
- Grave ? Non. Mais c'est important.
- Et ben... C'est-à-dire que... Je... Nous... Merde ! C'est juste que ...

Je réalisai alors enfin, et des larmes coulèrent sur mes joues.
- Accouche, merde !
Je ris, et il me regarda, complètement largué.
- Ce n'est pas grave du tout. Mais c'est pas le bon endroit pour te l'annoncer.
- On s'en fout. Dis-moi ce qui se passe.
- Pas ici, dis-je en souriant malicieusement.
- Putain, t'aimes bien me faire tourner en bourrique.
- Moi aussi je t'aime.
- Dès qu'on est rentrés, t'as intérêt à me dire ce qui se passe.
- Oui, dis-je, évasive. Bon, on rentre ?
- Euh ... T'es à l'hôpital, pas au marché. Ils veulent sûrement te garder pour la nuit.
- Qu'ils aillent se faire voir. Je me sens très bien.
Je me levai et me dirigeai - sans vaciller, à ma plus grande joie - vers le placard où ils avaient probablement rangé mes affaires.

J'enlevai l'horrible chemise réglementaire et enfilai mes vêtements à moi, imprégnés d'une odeur naturelle, et pas d'eau de javel.
- Dommage, t'étais très belle dans ce truc ...
- Fous-toi de moi ... Allez, bouge ton derrière, on y va.
- T'es sûre que ça va ?
- MERDE !
Je m'enfuis en courant, ne me retournant pas pour voir s'il me suivait. Plusieurs infirmiers me regardèrent étonnés dévaler les escaliers, mais ils ne m'arrêtèrent pas.

Je m'assis sur un banc devant l'hôpital.
Alex finit par me rejoindre, environ cinq minutes plus tard.
- Ils t'ont donné quoi ?
- Ils m'ont privé de ma drogue.
- Tu te drogues, toi ? rigola-t-il.
Je l'embrassai et il m'assit sur ses genoux.
- Je vois. Faut calmer tes ardeurs, ma vieille. Pas très décent tout ça.
- On va se promener ?
- Je pense que j'ai pas trop le choix. La dernière fois que tu m'as demandé et que j'ai refusé, tu as fini à l'hôpital, alors ...
Je sautai sur mes pieds, prit sa main et l'entraînait vers le parc.

Ce parc où nous avions mangé des glaces après nos retrouvailles, l'année de nos dix-huit ans.
Il s'était passé tant de choses depuis.

J'enlevai mes vêtements au bord du lac, et je frissonai au contact de l'air humide et frais.
- Rhabille-toi, merde ! Tu vas encore être malade !
Sans l'écouter, je plongeai dans l'eau glacée.

Il finit par me rejoindre.
Alors je posai délicatement ses mains sur mon ventre et plantai mes yeux dans les siens.

L'eau était glaciale.
Le vent soufflait fort au-dessus de nos têtes.
Les arbres se courbaient sous la brise toujours plus violente.
Les feuilles volaient violemment au gré des courant aériens.
Des gouttes de pluie commençaient à tomber.
Le tonnerre gronda au lointain.

J'aurais pu continuer la description du paysage et des éléments pendant encore longtemps car je me souviens encore du moindre détail.

Par contre pour expliquer ce qu'il se passait à l'intérieur de moi, c'était une autre affaire.


Lorsque je sentis ce ventre plat sous mes doigts, j'eus envie d'embrasser sa propriétaire avec tout l'amour que j'avais dans le corps.

Mais cette position me rappela un autre moment, un autre monde. Quelque chose que je n'avais jamais vécu mais qui me disait vaguement quelque chose. Un livre ? Un film ?
Je ne le sais pas encore, mais toujours est-il que je compris ce qu'elle essayait de me faire comprendre.

- Tu... tu... tu es... ? bégayai-je comme un imbécile.
- T'es super beau quand tu sais pas quoi dire.
Je déglutis.
- Nola...?
- Oui.
Elle me fixait depuis le début mais j'eus enfin la force de la regarder en face.

Ce que j'ai lu dans ses yeux, c'était merveilleux.
Un mélange d'amour intense, d'espoir, de bonheur, d'émerveillement et de quelque chose d'autre que je ne parvins pas à identifier.
C'était grandiose.

Je dégageai mes mains des siennes et je caressai son visage du bout des doigts. Ses boucles foncées et mouillées tombaient dans son visage. Je les écartai et mis mes mains derrière sa tête pour l'amener près de mon visage.
Mes lèvres s'approchèrent de son oreille.
- Je t'aime, murmurai-je plus passionnément que jamais.
Je sentis ses bras se refermer autour de mon coup et son corps se preser contre le mien.

Notre étreinte dura longtemps.
Un échange tendre et amoureux.
Des larmes roulaient sur mes joues tandis que les épaules de Nola se soulevaient au rythme de ses sanglots.
Je la regardai de nouveau, posai mon front contre le sien, et pris ses doigts dans les miens.
Nous échangèrent un regard malicieux et nous éclatâmes de rire.

- Merci.
- Tout le plaisir et pour moi.
Nous nous sourîmes, les mots ne suffisant pas à décrire nos sentiments.


Alors que nous nous étions rhabillés et que nous marchions, bras dessus, bras dessous dans ce parc désert et que la pluie semblait tomber sans nous atteindre, je lui demandai :
- Et on va l'appeler comment le morceau de betterave ?
- Le quoi ?!
- Le morceau de betterave, le bout de chou, notre enfant, quoi !
- Aucune idée. Mais je le plains: t'as vu le père qu'il aura, le pauvre.
- Heureusement que tu seras une mère formidable pour réparer mes erreurs.

Elle me lança son petit sourire en coin si ravissant et je lui proposai :
- Une glace ?

Alex régla nos deux glaces - miracle, nous avions encore de quoi payer- et m'emmena sur notre ancien banc, où nous avions passé tant de temps.
- Et on fait quoi maintenant ? demanda-t-il au sens large.
- Il faut que tu te trouves un emploi stable. Et après tu devras m'épouser. Pour l'instant, je pense que je vais déménager chez mes parents.
Il déglutit bruyamment et me regarda les yeux ronds.
- Tu rigoles, là ?
- Pas le moins du monde, mon amour, dis-je en replaçant une mèche derrière mon oreille.
- Alors je vais t'aider à faire tes valises, répondit-il en me souriant malicieusement.
- Parfait.

Après avoir englouti nos glaces, nous rentrâmes dans notre précaire chez-nous.
Il se dirigea en vitesse vers la chambre et ouvrit les deux portes de ma garde-robe tandis que je m'asseyais sur le lit.
- Bon ... quels vêtements tu veux emmener ? Tout ça est terriblement indécent ...

Je tirais sur son T-shirt pour l'attirer à moi. Il me prit dans ses bras.
- Tu n'as quand même pas cru que j'étais sérieuse, non ?
- Si tu tiens absolument au mariage, ça ne me dérange pas.
- Je ne vois pas ce que ça changerait. Et notre situation est très bien comme ça.
Il posa délicatement une de ses mains sur mon ventre et dessina du bout des doigts des courbes.
- Ne t'inquiète pas, le petit monstre est à l'abri, chuchotai-je.
- Merci, dit-il sur le même ton, sauf que sa voix tremblait légèrement.
- Pour quoi ?
- Pour cet enfant. C'est ... je suis l'homme le plus comblé au monde.
- Je te rappelle que tu y es quand même pour quelque chose ...
Aussitôt ses mains délassèrent mon ventre pour la tirette de mon gilet.


J'ouvrais les yeux. La faible lueur de la lune éclairait la chambre. Alex dormait, entortillé dans les draps, ne m'en laissant plus qu'une petite partie.
Comme j'étais parfaitement réveillée et que le sommeil ne me reprendrait plus, je me levais et gagnai le salon sur la pointe des pieds.
J'ouvrais la porte coulissante et allai m'accouder au rebord de la rambarde du balcon.
Des bruits de circulation étouffés me parvenaient en contrebas, mais à part cela, tout était calme.
Une paisible nuit de novembre.

Et qu'allait-il se passer maintenant ?
J'allai inévitablement devenir aussi grosse qu'une vache, Alex voudrait rester en France pour ma grosesse, nous recevrions pleins de jouets et de cartes de félicitations ...
Ca n'était pas pour nous.
Je ne voulais pas être la gentille femme bien rangée d'un employé modèle, qui reste à la maison à s'occuper de ses gamins et à nettoyer la maison et à préparer le repas de son mari.

Je voulais crier, partir, faire quelque chose de fou, d'irresponsable, m'amuser et profiter de la vie.

Mais nous avions désormais une personne à gérer.
Pour le meilleur, j'en étais certaine.
Cela impliquerait peut être quelques sacrifices ... Je n'avais aucune idée de ce qu'en pensait Alex. S'il s'en rendait compte, et surtout si il approuvait.

Le manque de chaleur corporelle me réveilla peut après que Nola partit. Je ne me levais cependant pas.

Je devais réfléchir.

J'allais devenir papa.
Ok, ça c'était cool, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. J'allais avoir un enfant. Le voir grandir, lui enseigner la vie, consoler ses pleurs, partager tout l'amour que j'avais en moi, passer ma main dans ses cheveux, écouter ses histoires, jouer avec lui au foot, lui apprendre le piano, et avant tout, l'aider à prendre sa première respiration, à dire son premier mot, à faire son premier pas...
Ca me plaisait comme programme.

Nola voudrait sûrment qu'on se marie.
Là encore, pas trop de problème. Pour moi, le mariage, -à part un encombrement de paperasse- c'était juste un prétexte pour faire la fête. Pour manger des pains surprises, des toasts, pour boire du champagne, pour revoir la famille et les amis. Tous les amis...
Nola préfèrerait peut-être une cérémonie plus... intime. Avec moins de monde. Il faudrait que je lui en parle. Ca ne pouvait pas se passer comme ça. Comme ça ne pouvait pas se passer à l'église.

Ensuite venait le problème de notre habitation.
Et là, un choix s'imposait.
Je n'avais en aucun cas à prendre la décision tout seul, mais je voulais y réfléchir pour me faire un avis avant de lui demander le sien.
France ou Afrique ?
Une éducation tradtionnel ou différente ?
Une vie monotone ou trépidante ?
Lui faire une vie normale ou incertaine ?
Une vie calme ou dangereuse ?
Le choix n'était pas très compliqué pour moi et j'espérais qu'il serait tout aussi évident pour mon amour.


Je sortis des draps et j'enfilai un simple jean. Je rejoins Nola qui se trouvait sur le balcon, emitouflée dans un pull à col roulé, tenant à la main une tasse de thé.
Je m'approchai d'elle par derrière et je passai mes bras autour de sa taille.
- Bonjour ma belle.
- Salut Alex.
- Je ne veux plus jamais te quitter.
- Alors ne me quittes plus jamais.
- Ca paraît si simple dis comme ça.
- Ce l'est pourtant.
- Si tu le dis, je te crois. Je te fais confiance. Je te suivrais au bout du mond les yeux fermés.
- Je veux juste que tu me suive au bout de mes rêves. Parce que sans toi mes rêves tournent au cauchemard.
- Yo, c'est trop chou, dis-je en enfouissant mon nez dans ses cheveux. Et ces rêves, tu veux les vivre où ?
Elle posa la tasse sur une table, se retourna et passa ses bras autour de mon cou.
- Ben en Afrique. Pas toi ?
- Si, moi aussi. Quoique, peut importe l'endroit, tant que tu es avec moi, tout me convient.
- Yo, trop chou ! imita-t-elle en m'embrassant.

Un vent de paix s'insinua en moi après ses paroles. Si le doute avait été encore permis, j'aurais alors compris qu'Alex était mon âme soeur.
Je le savais certes déjà, mais c'était agréable de se le faire rappeler.

Alex, debout derrière moi, entoura ma taille de ses bras et posa sa tête sur mon épaule. Nous restâmes ainsi longtemps, jusqu'au lever du soleil.
- Tu veux que je m'agenouille et que je sorte une bague avec un gros diamant ?
- Tu veux m'épouser ?
- C'est à moi de poser la question, non ?
- Je plaisantais, Alex.
- Moi pas. Et puis ça fait longtemps qu'on a pas fait la fête !
- Lucas et Hanoko se marient dans trois jours. Tu es garçon d'honneur, je crois ?
- Oui.
- 'Faut que je me trouve une tenue potable d'ici là.
- Sérieusement, j'aimerais bien être ton prince un journée.
- On a plus un rond, objectai-je.
- C'est vrai.
- T'inquiète, mes parents sont pleins de ressources. Et puis ma mère nous doit bien ça, pour toutes les horreurs qu'elle a dites.
- Seriez-vous en train de suggérer de faire du chantage à votre mère ? s'indigna-t-il.
- 'Faut bien se nourrir.
- Effectivement. Bon, j'y vais.
- Où ?
- Mêle-toi de ce qui te regarde, tu veux ? me sourit-il.
- Dis-à ta maîtresse que je l'emmerde.
- Je n'y manquerai pas.
Il m'embrassa et rentra à l'intérieur pour aller chercher son portefeuille.
- N'oublie pas de mettre un haut ! criai-je
- Merde !


Je partis à mon tour une demi-heure plus tard. J'allais chez mes parents afin de remplir mon portefeuille. Pour aussi les voir, bien sûr.
Mon père m'ouvrit tout sourire.
- Salut, chérie.
- Bonjour ! Ca va ?
- Très bien. Et toi ?
- Oui.
Il me fit entrer et prit ma veste. Je m'installai au salon avec lui, et ma mère ainsi qu'Audrey nous rejoignirent.
Alors que je m'apprêtais à leur annoncer LA nouvelle, je me ravisais. Je voulais qu'Alex soit à mes côtés pour le faire.
Je pris mon portable et lui envoyai un texto.
- Suis chez mes parents. Rejoins-moi.
- OK, tu veux leur dire ?
- Oui.
- Suis là dans 30 min.

Exactement une demi-heure plus tard, il sonna. Je me levais et allai lui ouvrir.
- On leur dit, alors ? me demanda-t-il.
- J'aimerais bien.
- D'accord.

Il me suivit au salon et s'installa à côté de moi en prenant ma main. Après quelques banalités, il pressa mes doigts, et je me lançai.
- On a une nouvelle importante à vous annoncer.
- Laquelle ? demanda Audrey, curieuse.
- Je suis enceinte.
Alex déposa un baiser sur mon front et me sourit sereinement. Ma petite famille nous embrassa tout en nous félicitant.

Nous restâmes encore pour le dîner - après l'insistance de ma mère pour nous faire goûter sa nouvelle recette-, puis nous partîmes.
- Alors, les caisses sont pleines ?
- Elles débordent.
- T'es une pro, mon amour.
- Je sais.
- C'était bon ce que ta mère a cuisiné.
- Arrête, c'était dégueulasse.
- J'essayai juste d'être poli ...

En rentrant, il me poussa vers la salle de bains et m'ouvrit la porte.
Il avait disposé des bougies dans chaque recoin, et un bain avait été coulé.
Il s'agenouilla devant moi.
- Veux-tu m'épouser ? dit-il solennement en ouvrant devant moi un écrin contenant une fine bague en argent sertie d'une petite pierre verte aux reflets subtils.
- Oui.
Il éclata de rire et passa la bague à mon doigt.
- Pormets-moi juste une chose.
- Tout ce que tu voudras.
- Je ne veux pas devenir un de ces couples à la vie pré-programmée.
- Nous ne le serons pas.

Je fermai les yeux. Lui m'enleva mes vêtements et me poussa gentiment vers la baignoire.
- Porfitez bien de votre bain, mademoiselle.
- Ne t'en vas pas, silteplâit.

[ a tous nos fans inconditionnels ( non non, je ne vise personne) : nous sommes en allemagne et on a d'autres chats a fouetter que d'ecrire...
Alors on se revoit un de ces quatre en territoire conquis, genre la France ! ]

- Tu peux me laver le dos ?

Je levais les yeux au ciel. C'était le genre de truc hyper-kitch qui faisait craquer toutes les nanas.

- Tu veux te marier ?
- Non, répondis-je d'une voix franche.
- Tu veux te marier avec moi ?
- Si ça peux te faire plaisir, oui.
- Pourquoi tu veux me faire plaisir ?

J'arrêtai un instant de frotter avec ses épaules, pris au dépourvus par la stupidité de la question.

- Ben... Parce que je t'aime.
- Pourquoi tu m'aime ?
- T'en a d'autres des questions cons comme ça ?
- Il faut que je sache si c'est pour mon physique, pour mon argent ou pour ce que je fais ou suis.

Je me mis la tête sous l'eau pour ne pas avoir à répondre à ça.

Qu'est ce que j'en savais moi, de pourquoi je l'aimais ? J'aimais Nola, je l'aimais vraiment et c'était tout ce qui comptait pour moi. Le reste n'avait aucune importance.

Je sentis sa main me sortir de l'eau et ses lèvres m'embrasser.

- Respire mon amour. Et j'aimerais bien que quand on discute tu ne fasse pas celui qui ne veux pas entendre. C'est dure de dialoguer toute seule.
- Je t'aime parce que tu es parfaite : gentille, drôle, intelligente, généreuse, gourmande, magnifique. Je t'aime parce qu'on a grandi ensemble. Je t'aime parce que tu es merveilleuse. Je t'aime parce que tu es la femme de me vie.

Elle me regarda sans rien dire.

- Je t'aime parce que je t'aime. Et puis merde !
- Sans le merde à la fin, ça aurait était la déclaration la plus parfaite que j'ai jamais entendu.
- Je ne suis pas parfait.
- Moi non plus.
- Non, toi tu es parfaite.

Je lui mis la main devant la bouche et l'attirai contre moi.

- J'aimerai l'appeler Milo.
- Et si c'est une fille ?
- C'est un garçon.
- Si tu le dis...

J'enroulais une serviette autour de moi et entreprit de brosser mes cheveux humides et emmêlés.
Je regardai un peu plus attentivement mon reflet. J'avais repris quelques couleurs, mais mes joues étaient encore creuses.
Au moins, j'avais désormais une excuses pour m'empiffrer de sucrecries, que je savais néamoins que je n'absorberai jamais.

Je sortais de la salle de bains sans croiser les yeux de mon compagnon et m'habillais.
Alex sortit à son tour, m'embrassa légèrement et partit pour nous chercher des pizzas.
Dès que la porte se referma, je décrochais le téléphone.
Deux coups de fil à passer. Pour simplement résoudre ce sentiment d'étouffement.


L'odeur de la pizza me tira de ma rêveries aussi efficacement qu'un réveille strident. Alex s'assit à côté de moi sur le canapé et ouvrit la première boîte.
Nous mangeâmes en silence, chacun perdu dans ses pensées.
- Ca te fait peur ? risquai-je.
- Pas vraiment. Toi si ?
- J'ai juste peur de te perdre.
- T'as pas l'impression de radoter ?
- Je ne suis pas la seule, contrecarrai-je.
Quand les deux boîtes furent vides, je m'installai confortablement dans ses bras, et lui passa ses mains chaudes sur ma nuque.
- On rentre à la fin de la semaine.
- Comme tu veux, dit-il, lointain.
- Ce n'était pas une question. Tu ferais mieux de faire ta valise encore ce soir.
- Pardon ?
- Euh ... Mettre tes vêtements dans le grand sac carré ?
Il m'assit face à lui et me sonda, le visage crispé.
- Rentrer maintenant ?
- Tu veux attendre que je sois intransportable ?
- Il faudrait peut être attendre l'après.
- Je ne supporte plus cette ambiance, Alex. Tu n'es plus toi, j'ai peur de dire ce qui te fera exploser à chaque fois que j'ouvre la bouche et notre présence ici est parfaitement inutile.
- Si nous le perdions ... Je ne me le pardonnerai jamais.
- Ca n'arrivera jamais, je te le promets. Et on ne vas pas rester ici, enfermés dans un cocon sous prétexte qu'on a peur ? Je n'appelle pas ça vivre.
- Je ne sais pas ...
- MERDE ! POURQUOI EST-CE QUE TU REAGIS COMME CA ? CE N'EST PAS PLUS SIMPLE DE ... PUTAIN !
J'allais m'enfermer dans la salle de bains et m'asseyai rageusement sur la cuvette.

Mon portable sonna, et je décrochai tout en séchant mes larmes.
- Oui ?
- Salut, c'est Audrey.
- Salut. Ca va ?
- Et toi ?
- Qu'est-ce qui se passe ? contournai-je.
- Je viens d'appeler Matt.
- Mais qu'est-ce vous avez tous ? Qu'est-ce qui t'a pris, Audrey ? Ce type est un connard, tu le sais !
- Arrête ! Je ne suis plus une gamine, Nola ! Je sais gérer ma vie, d'accord ?
- J'essaie seulement de te protéger.
- Il a pété les plombs et te demande pardon pour tout. Il sait qu'il t'a dégoûtée et te promets qu'il te t'importunera plus jamais.
- Il t'a dit ça au téléphone ?
- Euh ... pas vraiment.
- Où ? criai-je presque.
- On a prit un café, avoua-t-elle, piteuse.
- Je t'interdis de le revoir, Audrey, c'est compris ? Il est dangereux !
- C'est faux. Faut que je te laisse.
- Audrey ... Je t'en prie, ne fais pas de conneries.
- Oui oui ...
Elle raccrocha avant que je ne puisse ajouter quelque chose.
Apparemment, je n'avais pas à m'inquièter. Si elle m'avait appelée, c'était pour avoir un avis, et elle n'était pas sotte. Elle réfléchirait, et j'espèrais que ce serait dans le bon sens.

Je pris alors seulement conscience d'Alex, qui tambourinait la porte en me sommant d'ouvrir.

Depuis cette dispute, Nola avait décidé de me faire la gueule tant que je n'aurais pas changé.

Le problème c'est que si j'avais changé, je n'y pouvais rien.
C'est normal, dans la vie, que les gens changent, évoluent. Rien n'est fixe, tout est mouvement.
Elle aussi n'était pas entièrement la même que lorsqu'elle avait sept ans. Je l'aime quand même, pour ce qu'elle était. J'avais accepté et apprécié le changement. Alors pourquoi ce n'était pas pareil pour elle ?

Je secouai la tête, ne sachant que faire pour le moment et je me préparai. J'enfilais ma belle chemise blanche, mon pantalon et mon veston noir. Je glissai une rose rouge dans la poche de ma veste, me lavai les dents et passai un peigne dans ma tignasse.
Un seul coup d'œil au miroir me suffit pour savoir que j'étais prêt.

Seulement ce reflet ne me ressemblait pas. Je compris alors ce que voulais dire Nola.

Je secouai la tête de tous les côtés, comme une rock star, pour m'ébouriffer les cheveux et je jetai la rose dans la poubelle, mettant à la place une branche de sapin qui trainait sur le balcon du voisin. J'enlevai mon nœud papillon et j'ouvris un bouton de ma chemise.
- J'suis prêt Nono ! Toi aussi ?
Un grognement affirmatif me parvint depuis le salon.

J'émis un sifflement admiratif. Elle était merveilleuse. Elle avait mis une robe d'un beau bleu pâle qui mettait en valeur sa peau blanche et ses cheveux noirs.
- Vous êtes magnifique Reine Amidala.
- Bon viens on y va.
- Arrête de me faire la gueule.
- J'te fais pas la gueule.
- Et mon cul c'est du poulet, c'est ça ?
Elle haussa un sourcil dédaigneux et soupira bruyamment.
- Viens et tais-toi. Plus vite on y sera, plus vite se sera finit.

Je lui sautais dessus et la couchai sur le canapé. Elle se débattit et me dit d'arrêter.
Ne l'écoutant pas, je déposais en douceur mes lèvres sur les siennes et l'embrassais comme la première fois.

Elle ouvrit de grands yeux étonnés, comme si elle se réveillait après un long sommeil sans savoir où elle se trouvait. Des larmes se mirent à couler sur ses joues alors qu'elle passait ses bras autour de mon cou en murmurant.
- Regarde ce qu'on est devenu à cause de moi.
- C'est pas grave. Il n'est jamais trop tard pour réparer nos erreurs.
- Promets moi que se serra la dernière qu'on aura fait.
- Je vous le promet milady.

Elle me sourit.
Je la pris dans mes bras et descendis en courant les marches de notre immeuble, riant avec joie.
Je la déposais dans la voiture et démarrai en direction de la mairie.
Arrivé au coin de la rue j'appuyai comme un malade sur la pédale de frein, mis la dernière et fis marche arrière jusqu'à la porte de notre immeuble.

Après une course effrénée, je retournai dans la voiture avec les billets pour l'Italie dans la poche. On allait offrir à Lucas et Hanoko un beau voyage de noces.

Dans la salle, Nola s'assit au premier rang et je restais debout prêt du maire en temps que témoin/garçon d'honneur/porteur des alliances/meilleur ami du marié.
Alors que les futurs époux arrivaient avec la traditionnelle marche funèbre j'eus un élan de connerie et j'hurlai :
- STOP !
La musique s'arrêta et les gens me regardèrent bizarrement. Et je m'en foutais.
- Ça va pas du tout ! Toi le marié, souris un peu plus on dirait que t'as un bâton coincé dans le derrière. Et vous monsieur le maire, c'est inadmissible votre écharpe est de travers, un peu de bienséance voyons ! Quand à l'autre, la pianiste là, oust ! Me regarde pas avec ces yeux là. Vas voir ailleurs si j'y suis ! TOUT DE SUITE !

Je m'installais donc au clavier que le musicien traumatisé avait fui et je commençais les premiers accords.

Lucas éclata de rire en reconnaissant le morceau et se tourna vers Hanoko en la prenant par la main.
Il la fit tourner et commença à chanter d'une voix douce rien que pour elle.
- It's a love story, baby just say YES ! Don't be afraid ...

Je levais les yeux au ciel pour la forme, mais ne put m'empêcher d'éclater de rire. Ainsi ma petite prise de tête avait remise celle d'Alex à sa place. Un vent de sérénité s'installa en moi, et je m'asseyai.

La cérémonie se passa assez rapidement à ma plus grande joie - disons que j'avais développé une légère phobie des cérémonies de mariage depuis le dernier que j'avais vécu-, et nous partîmes en cortège vers la salle des fêtes qu'avait loué le jeune couple pour les réjouissances.

Les tables étaient disposées en U, de façon conviviale et la décoration était en couleurs vives. Des photophores ornaient chaque couvert, renvoyant de doux reflets sur les murs de la salle plongée dans une semi-obscurité.
Une décoration digne d'un roman d'amour, et pour l'avouer, telle que je les aimais.
Le DJ, un ami de Lucas, lança une musique de fond pour l'ambiance, et on nous invita à nous asseoir.
Attention flatteuse, nous étions aux places d'honneurs, juste en face des mariés, à côté de la famille.
Quand tous les convives eurent pris place, Lucas et Hanoko se levèrent et frappèrent leurs verres avec leurs couteaux.
- Tiens-toi correctement cette fois-ci, glissai-je dans l'oreille d'Alex assis à mes côtés.

Lucas fit son discours, complété par son épouse radieuse en robe rouge vif, discours ponctué de rires de l'assistance. Enfin il se rassit, et le dîner commença.
- Alors, toujours pas repartis pour le Congo ? nous demanda Lucas.
- Namibie, crétin ... répliqua Alex.
- On s'en va à la fin de la semaine.
- Ah.

Après le repas, agréable et joyeux, un son classique -mais incourtanable dans les mariages- fut introduit par le DJ.
J'entendis la chaise à mon côté être tirée, et je me tournais vers Alex, qui me tendait sa main.
- M'accorderez-vous cette danse, mademoiselle ?

Il prit ma main dans la sienne et posa une main sur ma taille. Je lui lançai un regard moqueur, qu'il me renvoya quand je lui écrasai un pied par inadvertence.
- Tu sais plutôt bien danser ...
- Encore un de mes talents cachés, souffla-t-il. Et puis généralement, c'est les filles qui savent danser, mais tu es vraiment nulle.
- Je suis contente de t'avoir retrouvé, mon amour.
J'arrangeais sa branche de sapin tout en souriant.
- Je suppose que le cynisme fait partie de ton nouveau caractère ?
- J'ai toujours détesté les conventions.
- Et j'ai toujours su que tu étais légèrement toqué.
Il déposa un baiser sur mon front tout en replaçant une mèche derrière mon oreille.
- Tu es ravissante.
- Je te retourne le compliment.

Plus tard dans la soirée, alors que la fête battait son plein, mon portable sonna.
- Allo ? criai-je pour couvrir le vacarme de la musique et des rires.
Un réponse inintelligible me répondit et je sortai pour entendre quelque chose.
- Oui ? répétai-je.
- Nola, dit ma mère, complétement affolée, Audrey est partie.
- Où ?
- Elle a laissé une lettre à toi. Tu peux venir ?
- Je suis là dans dix minutes.
Je raccrochai sans attendre de réponse et regardai de loin la fête.
Alex et Lucas étaient attablés et se défiaient au bras de fer, entourés par une masse de convives légèrement éméchés.

Je quittai le parking et m'engageais sur la nationale pour rejoindre la maison au plus vite.
Ma mère m'ouvrit et me tendit sans voix une feuille pliée en deux où mon prénom avait été écrit à la hâte.

Nola,
Je t'en prie, rassure Maman et Papa et ne t'inquiète pas pour moi. Je suis partie avec Matt, et je te jure que c'est de mon plein gré.
Je me suis rendue compte qu'il est tout sauf l'homme qui m'a kidnappée, et qu'il était seulement déboussolé à cette époque.
Il est seul et a besoin de soutien.
Et je l'aime.
Je suis désolée de m'être enfuie ainsi, mais tu ne m'aurais pas autorisée à partir.
Je ne sais pas quand je rentrerais, mais ça ne sera pas immédiatement, il a vraiment besoin de se retrouver, loin de tout ça.
Je vais bien, ne t'en fais pas,
Audrey

[ faudrait que tu changes de sujet (et pour une fois, ce sera toi qui commencera, bonne chance pour trouver un titre ... ), et je préférerais qu'on écrive Myllo > Milo

https://www.youtube.com/watch?v=wZh73ClWYAE
Quel est l'abruti qui a eu l'idée de ne PAS mettre la vraie traduction ? L'originale, au mot à mot ??
Le massacre ... J'ai tellement honte que je me cache sous la table. ]

[ Moi aussi je préfère Milo ^^ C'était juste pour avoir une réaction.
On a honte, a si vous saviez comme on a honte, on a tellement honte qu'on se cache sous la table .

Raaah connerie, mon écran est tout noir. Je vois plus ce que j'écris, c'est de la vraie Schiess ><
Tu peux comprendre que dans ces situations j'ai du mal à écrire, donc je répondrais dans un nouveau sujet plus tard =]
A toute
P.S. J'adore le bras de fer, le t'es complètement tocqué et le Je vais bien ne t'en fais pas ma Lili ^^ ]