16. Le plus beau jour de notre vie...

Je caressais du revers de la main son épaule douce et chaude. Elle bougea dans son sommeil et une touffe de cheveux noirs lui tomba sur le front. J'approchai mon visage de la mèche rebelle et je lui envoya un souffle qui la fit détaler sans demander son reste.

Nola fronça les paupières au moment ou ma respiration l'effleura. Elle ouvrit les yeux et me regarda, encore perdue dans les brumes de ses rêves.
- Bonjour toi...
- Hello, baby.
- Pourquoi tu parles anglais d'un coup ?
- Because I want to make you angry.
- Et qu'est ce que j'ai fait pour mériter un tel châtiment ?
- Tu dormais.
- Et ? C'est un drame ?
- Oui, quand il est 11h30 et qu'on se marie bientôt.
- QUOI ??!
Elle se releva en vitesse et entreprit de chercher sa montre. Voyant que je disais vrai. Elle sortit de la tente et courut chercher sa robe dans la tente d'à côté.

Je mis un coude sous mon dos et je me relevai un peu pour l'attendre.
Elle ne tarda pas à réapparaître, la tête dans les choux, les mains sur les hanches et l'air terriblement furieuse.
- Qu'est ce que t'es sexy quand tu t'énerve en chemise de nuit, soupirai-je à voix basse.
- Il est quelle heure ?
- 11h30.
- T'aurais pas pu préciser, 11h30, du soir ?
Je fis mine de réfléchir avant de lancer avec un sourire.
- Nan.

- Elle me balança le premier truc qu'elle trouva -une chaussure- et demanda :
- Tu veux vraiment que j'ai des horribles cernes pour le mariage ? Pourquoi tu m'a réveillée ? Je dormais bien moi !
- Justement, j'étais jaloux, moi je n'arrive pas à dormir.

Elle s'assit à côté de moi, toute colère envolée par le ton triste que j'avais utilisé. Elle posa sa main sur la mienne, et rien que par ce geste, je sentis tout l'amour qui nous unissait. Après une infime hésitation, je portai ses doigts à ma bouche pour les embrasser.
- Tu veux qu'on parle ?
- Non, parler ne servira à rien.
- Tu veux quoi alors ?
- Quelque chose qui me fera du bien.
- Une biscotte ?
- Quelque chose de doux.
- Du miel ?
- Quelque chose de chaud.
- Un chocolat ?
- Quelque chose... de merveilleux.
- ... un chat utilisable en bouillote ?
- Nan, c'est pas ça. Mais tu brûles. C'est presque ça.
- Dis-moi, supplia-t-elle presque. Que veux-tu ?
Je souris et posais mes mains sur sa taille.
- Toi.
- Oh, je suis désolée... Mais non.
- Non quoi ?
- Non, je ne peux pas faire l'amour avec toi pour la bonne raison que je vais me marier dans quelque heure avec un homme.
- Et alors ?
- Et alors, je ne voudrais pas risquer de le tromper.
J'enlevai sa robe de nuit et elle passa ses mains autour de mon cou.
- Encore moins d'avoir des cernes pour la cérémonie.
- Pour les cernes, pas de soucis, une bonne couche de maquillage et c'est bon. Pour ton homme, c'est plus problématique, un coup de blush n'y changera rien. Et puis... moi aussi j'épouse ma fiancée aujourd'hui.
- T'aurais pu me le dire quand même, c'est pas très cathodique tout ça.
- Et le pire, affirmai-je en nous allongeant sur les sacs de couchage, c'est que j'ai un enfant.
- De ta future femme ?
- Non, de ma maîtresse.
- Laquelle ?
- Oh, tu la connais pas, c'est celle de Bordeaux.
- Ah oui. Et bah, toute une histoire pour une petite partie de jambes en l'air. Heureusement que je ne t'aime pas.
Je l'embrassai avec force avant de répondre.
- Heuresement oui.



Dans la nuit, l'union des corps de deux êtres qui se préparent à l'union de leurs esprits.


Et au matin, un petit chat lové contre le flanc d'un... hum... cochon ?

_

Ok, ok, j'avoue la fin c'est strange, mais j'ai rien trouvé de mieux.
Marmotte, ça sonnait pas super bien.

Au fait, si tu veux Darling tu peux passer direct au début de la cérémonie.
J'ai bien dit au début.
J'ai aussi envie de foutre mon bordel. ( Je pense que tu t'en doutais)

Faut juste que je réfléchisse un peu à quoi dire et à quoi faire.
Et ça, c'est bien parti pour une migraine...

Enjoy.

Pauvre chou ... Réfléchir, que c'est difficile ...
Bien sûr que je vais aller directement au début de la cérémonie, je vais pas me faire chier à faire le transportage.

Et laisse ta fin comme elle est, elle est géniale, j'adore.

[ pour l'ambiance ]
https://www.youtube.com/watch?v=4jALL1_KdN8

[ et voilà, je suis en train de chialer ... ]

Stop. Ca va pas. Fais ta version, je repasserai derrière.

Raaah, qu'est ce que c'est beau.
Mais moi ce qui me donne envie de pleurer tout en me faisant sourire (yes, very strange ) c'est la musique de Titanic.

Bref, commence, toi à poster.
J'ai toujours pas d'idée.
><

En fait non, j'ai bien réfléchit, je préfère, la musique de Star Wars u_u
Oui, il m'en a fallut du temps.
No comment, please.
^^

[ En effet, 7 minutes, que c'est long ... ]


C'était un enregistrement et malheureusement non un orchestre, mais bon, fallait pas rêver non plus ...
Je souris. Il avait pensé à tout, il ne lui manquait plus que le sabre laser au côté.
Quand le morceau s'acheva, j'essuyai discrètement une larme. Je m'étais toujours moquée de la niaiserie des émotions dans un mariage, mais c'était facile quand on ne campait pas le rôle de la mariée.

Notre officieur de cérémonie commença à parler, s'arrêtant régulièrement pour la traduction en français.

Nous nous assîmes autour de la table, les témoins en firent de même, ainsi que les invités.
Mes parents, Matt et ma soeur avaient atteri hier soir, et nous les avions hébergés dans notre petite chaumière, mangeant et dormant à même le sol.
Pour l'instant, mon idiot de beau-frère se tenait convenablement, et j'espèrais que cela durerait ...
Mon père tenait Milo, tout fier d'être grand-père.
Je le sentai rappliquer, celui-là ...
Avant demain, il viendrait sûrement me voir, avançant :
" Nola, la vie africaine n'est pas saine pour un enfant, tu le sais parfaitement et si vous revenez, nous serons toujours disponibles blablabla ... "
Le chantage affectif ...

J'adorai la vie que nous menions, mais depuis l'arrivée de notre rejeton, je devais rester à la maison toute la journée, ce qui était normal, certes, pendant que mon presque-mari - haha, bientôt je pourrai payer avec l'argent de son compte ...- crapahutai dans la savane.
Loin des yeux, loin du coeur. Mouais.

Loin de là, je ne regrettai en rien l'arrivée de notre fils [ ça vieillit, ce bordel ], mais l'ennui était fatalement mortel.

Alex me tapota du doigt ma paume, ayant compris que mes pensées vagabondaient, et j'essayai de me concentrer. C'était quand même sensé être le plus beau jour de ma vie. Sauf que c'était la deuxième fois, et la premiere n'avait pas été géniale-géniale ...

[ chacun son tour ...
Grosse déprime ... 4 LONGUES années ... qu'est-ce que je vais devenir ? ]

[ Heureuse ? ]

Évidemment, le mariage n'avait pas lieu dans une église.
Nous étions dans une espèce de mairie locale et l'homme qui nous mariait parlait la langue locale pour Esam et pour tous les autres.

Bien sûr, il y avait nos familles.
Émilie était venue seule, elle venait de rompre avec son je-ne-sais-combien-tième petit copain, elle attendait le bon paraît-il, et Michael était accroché au bras une horrible méduse. Blonde à forte poitrine et à cerveau inexistant. Tout à fait le style de mon frère, et absolument le genre de greluche que je déteste.
Et puis il y avait aussi mes parents. Alors que ceux de Nola lui avaient sauté dessus et lui avaient dit combien elle était belle en lui demandant s'ils pouvaient porter leur petit-fils, les miens étaient restés à part, comme s'il n'osaient pas se faire remarquer. Comme s'il ne faisaient pas partit de notre monde.
Je m'étais approché d'eux pour les saluer et ma mère m'avait tout de suite fait la morale.
- Ca faisait plus de deux ans qu'on ne t'avait pas entendu au téléphone.
- Maman...
- Tais toi ! Juste un petit mail tout les trois mois comme quoi t'es toujours entier et puis d'un coup tu nous annonce par lettre que,
- M'man...
- Je t'ai dit de te taire ! Tu nous annonce que tu es le père d'un petit Milo et que tu te marie la semaine prochaine dans un trou pommé au milieu de la savane africaine.
- ...
- Tu n'as pas changé mon fils, dit-elle en levant la main vers mon visage pour en caresser la peau tannée par le soleil.
Un esquisse de sourire s'était dessinée sur son visage ridé et je prenais enfin conscience à quel point elle était vieille.
Je serrai mes parents dans mes bras et je les remerciai d'être venus.

Hanoko et Lucas était aussi venus.
Eux ne comptaient pas se marier mais allaient aussi avoir un enfant.
- T'es énorme Hanoko ! avais-je lancé comme bonjour.
- Elle est enceinte, crétin, lança mon ami.
- Je suis content que vous soyez là.
- Nous sommes aussi contents d'être là, me répondit Hanoko dans un sourire.
- Vous êtes toujours aussi gentils, dis-je.
- Et toi toujours aussi stupide.
Pas besoin de préciser de qui venait cette remarque.

Mais comme je l'ai dit avant, il y avait aussi Esam et les autres.
Tous les autres.
Tous ceux qu'on avait aidé.
Tous ceux à qui on avait construit un abri descent.
Tous ceux qu'on avait soigné.
Tous ceux qu'on avait vacciné.
Tous ceux qu'on avait réconforter.
Tous ceux à qui on avait apporté de la nourriture.
Tous ceux à qui ont avait rendu le sourire.
Bref, tout le monde.
Toute une joyeuse foule qui s'était amasée dans la petite salle qu'on avait prévu pour une dizaine de personne, et où il y avait en fait plus d'un centaine, peut-être même deux cent.
En les appercevant je m'étais mis à sourire comme un débile, heureux d'avoir pu servir à toutes ces personnes.
Et puis il y avait aussi deux ou trois qui était venus juste pour faire faire la fête.

Nola venait de signer.
Prenant le stylo, je fis de même.
Et au moment précis ou je fermai le capuchon, un énorme boucan éclata. Je ris et je vis Nola sourire.
Je pris ma femme par les hanches et elle passa ses bras autour de mon cou.
- Je t'aime, murmurais-je.
- Hein ? T'as dis quoi ? me demanda-t-elle. J'ai pas entendu, il y a trop de bruit !
- Je t'aime ! hurlai-je pour couvrir le vacarme (dont mon frère était en grande partie responsable).
Elle me sourit encore plus heureuse et je l'embrassai tendrement.

Et puis, alors que j'étais infiniment heureux, un bruit interompit progressivement tous les autres.
Milo venait de se réveiller et en avait marre de ce concert de cris et de hurlements.
Un cerlce de curieux vint se former autour de mon beau-père qui le tenaint dans ses bras et sous la centaine de regards mon fils se calma et cligna des yeux, étonné.
Alors que je vis les signes annonciateurs de la pluie, lèvres qui s'affaissent, pieds qui frémissent, yeux mouillés, je le pris dans les bras et lui fit des chatouilles pour le faire rigoler avec de ne plus pouvoir l'arrêter.
- Raaah, mon p'tit, faudra encore que je t'apprennes deux ou trois trucs.
Nola vint et posa sa tête sur mon épaule alors que je tenais notre enfant dans les bras.
- Faudra encore que nous lui aprennions deux ou trois trucs...

- Il n'y a plus de glaçons [ votre mission, si toutefois vous l'acceptez ... ], je vais en chercher.
- Ah ben non.
- Ah ben pourquoi ?
- Tu viens de signer, tu es ma femme, tu m'appartiens.
- Ah oui ?
Il hocha sadiquement la tête, et je tirai sur le col de sa chemise jusqu'à ce que son visage soit à quelques centimètres du mien.
- Ecoute bien, mon lapin. Si c'est pour me tenir des propos phalocrates, tu vas en morfler, je peux te le garantir. J'y vais, je t'aime et je te t'emmerde.

Je le relâchai et tournai les talons théatralement, mais mon petit effet fût de courte durée.
- Tu finiras bien par m'aimer tout court !
- Je finirai bien par te rendre fou !

Je sortai sur le balcon, en me demandant pour la énième fois de la soirée comment il avait réussi à louer l'ambassade de France pour notre fête.

Bien sûr, les glaçons étaient un simple prétexte.
Allez, je revenai encore avec ma solitude de merde, à éviter les foules et le bonheur en concentré pour éviter la contamination.

Je m'accrochai à la balustrade en fer, encore chaude malgré la fraîcheur de la nuit et le chant des cigales. Ainsi soit-il.
J'étais malheureusement sujette à une crise d'auto-satisfaction pour le moins narcissique.
L'homme que j'aimai avait dit oui, et il m'appartenait - dans le sens le plus simple du terme, évidemment, je n'étais pas égocentrique à ce point- pour le restant de la vie, et je n'allai pas lui renvoyer la politesse à la figure [ subtilité, subtilité ... ].
Le cadre parfait pour l'épanouissement d'un gosse ... Quel rêve, quelle satisfaction ...
Etais-je en train de me blinder d'ironie à en oublier le bon côté des choses ? J'en avais bien peur [ spéciale dédicace teacher ! ].

La porte vitrée coulissa et Matthieu vint me rejoindre. Je brandis mon majeur [ c'est le bon doigt ? ] devant son nez.
- Mariée, vieux. Too late.
- Quelle galère ...
- Je te le fais pas dire, je pensai pas être casée aussi vite.
- Fini les pizzas en solo et les soirées à fixer le téléphone !
- Allez, viens, on va faire la fête. C'est pitoyable de se lamenter à notre âge avancé.
- Et tu étais en train de faire quoi ?
- De chanter la sérénade à la lune.
- Tu le trompes déjà ?
- Et toi ? Tu comptes quand épouser ma soeur ?
- Ce n'est pas à l'ordre du jour.
- Fais gaffe, un jour elle te reprochera de ne pas vouloir t'engager.
- Tu m'emmerdes avec ta psychologie.
- C'était un simple conseil.
- Qu'est-ce qui ne va pas ?
- Tu espères encore me récupérer avec ce genre de questions ?

- Nola ! Faut qu'on ouvre le bal !
- Tu m'excuses, mon devoir d'hôtesse m'appelle ...
- Tu veux que je te remplace ?
- Mais oui ! Va valser avec mon mari et embrasse le tant que tu y es ! Après la soeur, l'époux ...
- Très drôle.
- N'est-ce pas ?

Je déposai un baiser sur sa joue et rejoignai Alex.
Adagio in C minor [ pour TOUS les incultes : https://www.youtube.com/watch?v=W3QDOLw8BgE ].

Il s'inclina.
- M'accorderez vous cette danse ?
Ayant déjà bien puisé dans moj guide de réparties spirituelles pour la soirée, je ne répondai rien et il posa sa main sur ma taille.
- Tu as pris des cours ou quoi ?
- Tu ne peux pas t'extasier devant mon talent tout simplement ?
- Que tu danses bien, je t'admire.
- Quel entrain.
- Tu veux pas faire une grosse connerie ? Les petites réceptions fades avec les personnalités à inviter alignées et les bacs à glaçons vides, très peu pour moi.
- Tu es exigeante ce soir.
- Navrée. L'émotion, sans doute.
- Mon épaule est toujours là.
- Tu as assez rempli ton rôle de pilier. J'ai acheté des béquilles, je marche seule maintenant.
- L'union f...
- Je sais, le coupai-je.
- Pourquoi tu fais la gueule ?
- Tu sais, c'est la première question qui met en rogne.
- Le plus beau jour de ta vie, ça te dit quelque chose ?
- Vaguement. Tu peux préciser ?

[ Rien de mieux à faire ...
-
https://www.dailymotion.com/relevance/search/fr%C3%A9d%C3%A9ric/video/x3te49_frederic_fun
-https://www.dailymotion.com/relevance/search/flamby/video/xadfdp_blague-du-flamby_fun ( première minute )


Regarde absolument le premier lien et en entier, ça vaut le coup ! ... RCB !

- Tu sais qu't'es con, toi ? lançai-je en souriant.
- Merci, c'est gentil. Ça me remonte vachement le moral, lança-t-elle d'une voix éteinte.

Je la pris par la taille.
- Allez, on y va !
- Déjà ? demanda Lucas.
- Tu veux dire enfin ! répondis-je.

On éteignit la musique et les lumières et tous ceux qui nous étaient proches et qu'on avait envie de voir montèrent dans leur voiture en direction de la suite des opérations.

- On va où Alex ? me questionna Nola.
- Haha, tu verras !
- Pfff ...
- Here we go ! Vers l'infini et l'au-delà !
- Tu te prends pour Buzz l'éclair ou quoi ?
- Rooh, faut bien rire un peu de temps en temps !
- Ouais. Mais là c'est pas drôle...


Au bout d'une demi-heure de piste, nous arrivions enfin à l'endroit prévu.

Un foyer était organisé avec des grosses pierres et des fagots de bois, un peu plus loin la réserve de combustible nous permettrait de tenir jusqu'au petit matin.
On déplia une grande couverture pour que tout le monde puisse s'asseoir ou se coucher sans se salir de trop.
Michael m'envoya un paquet d'allumettes. J'en craquais une et la lança sur les buches. Au bout de quelques instants un formidable feu de joie nous éclaira.

Un arbre mort et posé à l'horizontal sur le sol nous servit aussi de banc. Lucas s'y assit et commença à jouer de la guitare, tout en râlant entre ses dents :
- Fais chier c'est toujours à moi d'assurer l'ambiance...

Puis il se mit à chanter, bientôt reprit par tout le monde :
Save tonight
And fight the break of dawm
Come tomorrow
Tomorrow I'll be gone
Save tonight...

Je pris une Nola perplexe par la main et je commençai à la faire tournoyer autour du feu.

-Tu m'expliques ? me demanda-t-elle.
- Tu ne pense quand même pas que j'imaginais qu'une fête à l'ambassade te conviendrai ? C'est quand même mieux de danser autour d'un feu de camp non ?
- Mais pourquoi tu m'as rien dit ?
- Parce que j'attendais que tu t'en rendes compte.

Elle continua à danser, insouciante au regard de nos proches et à la voix de Lucas qui résonnait dans l'air africain.

Elle me regardai fixement, la bouche légèrement ouverte comme si elle ne comprenait plus rien.

Je m'arrêtai de bouger et la prit dans mes bras pour l'embrasser.
- Je veux juste ton bonheur. Mais je peux pas deviner ce que même toi tu n'as pas l'air de savoir. Alors dis-moi. Que veux-tu faire maintenant ?

- Tout dépend de la précision du "maintenant" ...
Son regard vert me dissuada de continuer à esquiver ses questions.
- Je me fiche de ce qu'on va faire, je veux seulement être avec toi.
- Quand on est poli, on dit j'aimerais ...
- Tu as dit oui. Ce que j'interprète comme un accord à m'avoir sur le dos chaque jour qui suivra.
- C'était une clause en caractère moins dix ?
- Possible. Faut toujours lire les petits astérix.
- Je vais te traîner en justice, tu vas le regretter.


Mon père tapota sur l'épaule d'Alex.
- Si tu me laissai quelques minutes ma fille ...
Alex acquieça et partit inviter une barbie blonde à danser. Trop aguicheuse à mon goût. Alex m'offrit un large sourire. Je lui tirai la langue.

- Et voilà, ma première petite fille partie ...
- Je suis déjà partie depuis longtemps.
- Tu nous manques. Mais si tu es heureuse ici ...
- C'est provisoire.
- Je suis fier de toi. Garde bien ce coco, c'est un type bien.
- Mieux que Matt ? ne pus-je m'empêcher de demander.
- Si un jour il te largue, poursuivit-il, je t'assure qu'il finira sa vie dans un lit d'hôpital.
- Contre lui, tu finiras dans le coma. Mais c'est gentil quand même.
- Vu comme il te regarde ... C'est une simple mesure de précaution.
- Je vais aller le récupérer.

Je le rejoignis et jaugeai ses mains posées sur la taille de la blonde. En me glissant derrière lui, je chuchotai à son oreille, sous l'oeil de sa cavalière :
- Si je t'aime tout court, tu lâches cette fille ?
- C'est tout ce que tu as à me proposer ?
- Je vais me débrouiller autrement.

Je pris une bouteille de tequila à Lucas, et allait m'écraser contre Alex, renversant le liquide sur la fille, qui poussa un petit cri.
Outrée, elle tourna les talons et entreprit de trouver une serviette.
- Oups ...
- Bravo ... J'allai franchir l'étape du premier baiser.
- Je peux la remplacer.
J'enroulai mes bras autour de son cou et me collai contre lui.
- J'étais sûr que tu réagirais comme ça.
- Désolée d'être si prévisible.
Il m'embrassa, et la musique, les conversations et les invités s'effacèrent. Il n'y avait plus que lui et moi dans ce désert aux confins de la ville, perdus mais unis dans l'immensité de la galaxie.

- Je te promets de te protéger de la congélation carbonite jusqu'au bout, jusqu'à Naboo même, jurai-je d'une voix forte en l'embrassant dans le cou.
- Tu te prends pour Han Solo ou quoi ? me fit-elle, un rire dans la voix.
- Sérieusement, dis-je d'un ton rêveur, j'ai toujours voulu de piloter le Faucon Millénium.
- Arrête, tu n'es jamais sérieux.
- Je croyais que c'était ce qui te plaisait chez moi...
- Et ben mon pauvre... murmura Nola.

Changement de registre.

- Tu veux qu'on retourne en France ? lui demandai-je.
- Je ne sais pas.
- Ok, pas grave moi non plus. On a encore le temps de se décider.
- J'espère.
- Fais-moi confiance.
- Je ne fais que ça mon chou.

Nouveau changement.

- Tu connais les paroles de Wonderful Life ?
- Le truc pourri de Black ?
- Oh ! Comment tu parles de MA chanson ? intervint Lucas.
- Comment je veux ! D'abord ! Non mais. C'est mon mariage ici ! s'énerva ma femme, déjà prête à en venir aux mains.
- C'est pas une raison pour parler comme ça de cette chanson que les Korgis ont repris !
- Mais tu te crois où là ? On s'en fout des Korgis !
- Ouais ! Mais pas de Black !
- J'peux placer ou pas là ? osai-je d'une petite voix.
- NON ! hurlèrent en chœur Lucas et Nola.
- Ok, je retourne dans mon trou alors...
Nola fut prise d'un fou rire léger, bientôt repris par Lucas.
- Ah, ça fait du bien de gueuler un bon coup de temps en temps...
- A qui le dis tu !

Nola passa un bras autour de ma taille et je l'amenai à l'espèce de banc sur lequel mon ami venait de se rassoir.

Je commençai à chanter d'une voix douce, où l'on pouvait facilement y entendre le bonheur qui résonnait entre chaqu'un de mes mots.

It's a wonderful, wonderful life.
No need to laugh, and cry,
It's a wonderful, wonderful life.

Lucas me rejoignit à la guitare et mon épouse à la voix. Mon beau-père m'amena Milo et je le pris dans mes bras tout en chantonnant, la tête de celle que j'aimais posée sur mon épaule.

A la fin du morceau, la tête de releva, et émit un soupir.
- J'aime vraiment pas cette chanson.
- T'aime quoi alors ?
- Huum... Laisse moi réfléchir.
Elle se mit à se gratter la tête et j'eus une illumination.
- Je sais !
Je mis un genou à terre, et tenant toujours mon bébé dans les bras je me mis à lui faire la sérénade :

Con te partiro,
Su navi per mari,
Che io lo so.
Con teee paartirooo

- Oh mon Dieu ! Je t'en pris, gémit-elle en se plaçant les mains sur les oreilles. J'adore cette chanson, alors s'il te plait, je t'en supplie, tais-toi et arrête de la massacrer !
Je me tus à l'instant et je me relevai en m'éloignant et en ronchonnant :
- Je suis un artiste incompris...
- Mais oui. C'est ça. Et tu veux qu'on te plaigne ?
- Nan, je veux qu'on m'aime.
- Alors reviens, moi je t'aime.
- NON ! Pars ! J't'aime pas moi ! cria Lucas.
- Pfff, tous des gamins, dis-je d'une voix que je voulus triste et désespérée.
- C'est à moi que tu dis ça ? commença Lucas.
Il s'approcha de moi et me poussa du doigt.
- Roooh me cherche pas hein ! Et puis j'ai un enfant dans les bras !
- Donne le à sa mère, qu'on règle ça une bonne fois pour toute !
- Ok ! Mais tu l'as cherché, hein ! Tu vas morfler.
- Re-dis ça pour voir...

[ Germain avait la soirée d'intégration jeudi. Ils se sont fait scotcher deux à deux, puis on leur a cassé un oeuf sur la tête, avec du produit vaiselle, de la farine et de la laque. Et ils avaient des pistolets à eau remplis de bière ... !
Et toujours plein d'étoiles dans les yeux ... Que c'est beau !

Le devoir m'appelle, je répondrai plus tard.
- Super lasagnes (normal, c'est moi qui les ai faites ... )-


Avons nous volé vers la lune trop tôt
Avons nous dilapidé cette chance
Lors de cette ruée de notre race
La raison de notre chasse se perd dans le romanesque
Et pourtant nous essayons
De justifier ce gâchis
Par notre goût pour la plus grande aventure humaine
Sleeping Satellite, Tasmin Archer

Je m'interposai entre eux.
- Donne-moi Milo. Merci. Et maintenant, défends notre nom et notre honneur ! ris-je.

Notre nom ... Je souris à la nuit, puis déposai un baiser sur le front de mon fils. Descendance assurée ...
Et pourquoi pas l'assurer encore un peu plus ?

Audrey vint faire à son tour son petit numéro devant Milo. Frustrant à la fin, que les gens s'intéressent autant à un truc si petit.
On accordait si peu d'importance aux vieillards en train de crever qui avaient mille fois plus de sagesse que tous les nouveaux-nés réunis, mais on s'en débarassait vite fait bien fait dans les hospices ...
Je n'étais pas en train de traiter mon fils de crétin, mais je ne voulais pas non plus qu'il devienne un traumatisé et qu'il se cache sous la table à chaque fois qu'on venait lui faire un petit bonjour. Rien de plus humiliant.

Ma soeur soupira.
- Tu en as de la chance ...
- Pas toi ?
- Tu as un mari qui t'aime et un enfant ...
- Tu as la moitié de tout ça, c'est déjà pas mal, non ?
- Matt ne m'aimera jamais autant qu'il t'a aimée ...
- Propose-lui un peu d'argent, ils sont sensibles à ça.
- L'amour ne s'achète pas, tout comme certaines autres choses ...
- ... pour tout le reste, il y a Gold Master Card ! complétai-je.
- Etre paumée dans la savane ne t'a pas fait oublier ce genre de conneries.
- Ca marque.

Je tournai la tête vers Alex et Lucas pour voir où en étaient les préliminaires. Tous deux étaient en train de trinquer, ou plutôt d'entrechoquer leurs bouteilles de champagne - secouer du champagne ... il y avait de la mousse partout -, et ils burent cul sec.
Lucas recracha la moitié, et Alex éclata de rire, triomphal.

- Rien de mieux à faire, marmonai-je entre mes dents.
Je collai Milo dans les bras d'Audrey et allait prendre Alex par le bras.
Il me sourit.
- Il faut que j'en avale encore une autre, ou notre honneur est sauf ?
- C'est pire qu'avant ... Tu viens de recevoir la palme du mec le plus con de l'année.
- C'est mieux que rien !
- Bon, Lucas prend ta guitare et joue quelque chose, pacifiste, si possible.
Il se mit à chanter la Marseillaise ... reprise par une bonne partie des expatriés de la fête.
- Un petit truc romantique et calme, ça te dit pas ?
- Pour après ... me répondit Alex en me prenant dans ses bras.
- Quel merveilleux programme ... Si je n'avais pas une longue vie avec toi dans mon agenda, ça serait la plus merveilleuse journée de ma vie.
- Tu l'as déjà vécue ?
- Entre autres ... Ce jour où tu m'as renversé ton milk-shake dessus, où j'ai compris que tu serais toujours là pour moi, le jour où on s'est retrouvés, le jour de mon autre mariage ... Ils ne manquent pas, et les nuits non plus, d'ailleurs.
- Tu vas voir, ça ne fait que commencer !

Et la fête continua ...
Sous les étoiles, qui malgré leur beauté, n'attendraient jamais celle des deux hommes de ma vie. De toute ma vie.

Ca a pas l'air bien, ça ?
Avec Penelope Cruz (bien moins stupide que sa soeur, avec un registre magnifique ... Volver et Vicky Cristina Barcelona)