17. Avance rapide.

Matin d'une fête.
Mais oui on se reverra bientôt. On va revenir en France. Quand ? Pfff, t'en as d'autres des questions comme ça ? Qu'est-ce qu'on en sait nous ? On verra bien, on va se laisser porter, pas vrai femme ? Oula t'énerve pas, je rigole ! Non Nola ! Non ! C'était une plaisanterie ! Juste une blague ! Nola ! Ne fais pas ça tu le regretteras tout ta v... Merci Nola, j'ai toujours rêvé d'être couvert de bierre et de champagne. Tiens, ça me rappelle quelque chose, sauf que la dernière fois c'était du jus d'orange...

Ouiin !
Oui, oui, moi aussi je t'aime mais là je dors, et puis tu vas réveiller ta maman... Vas te recoucher ! Oui je sais, t'es toujours dans ton berceau, mais c'est pas une excuse !
OUIIIIN !
Oh, tin, c'est quoi cette odeur ? Nan, mais on avait dit pas à trois heures de mat'. Roooh, Milo t'abuse ! Tu me fais penser à ta mère... Non, Nola je parlais pas de l'odeur, juste du fait que comme ton fils, oui je sais c'est aussi le mien, que comme ton fils, t'as trouvé le truc qui me réveille de bonne humeur le matin. Ton truc à toi ? Tu te mets à ronfler...

Trois pas sur le sable.
T'as vu ça, Nola ? Hein, dis moi que t'as vu, mon amour ! Il a marché ! Il mignon notre petiot, pas vrai ? Qu'est que t'es belle quand tu souris... Si ce n'était pas déjà fait je t'épouserai, ma chérie... Tu es merveilleuse... Allez, je te laisse, faut que j'aille aider des gens. A ce soir Nolalinoudamour. Quoi ? T'aime pas que je te donne des surnoms ? Pff, t'es pas marrante. Je dois vraiment y aller. Si ce soir il fait cinq pas je te promets que la nuit sera mouvementée et innoubliable.

Oasis dans le désert.
Tu te rappelle ? Oui hein ? Et t'as vu ? Le baobab là est toujours calciné... Oui, je sais, il peut pas, du jour au lendemain ne plus être brûlé mais quand même. C'est un signe. De quoi ? Pfff, j'en sais rien moi. Tu pense que je peux déjà apprendre à nager à Milo ? Ok, ok, je le mettrai pas dans un lac avant ses... cinq ans.. Ok ? En attendant je vais lui apprendre à parler...
( J'ai changé d'ailleur le moment où il dit papa à l'hosto, c'est vrai qu'au bout de deux jours c'est... un peu rapide)

Lettre postée par avion.
Oh, merde...
Non, pas lui.
Pas lui.
Fais chier...

[ Broken Strings est adapté vu le temps qu'il fait ... ( il pleut des cordes, hahaha ...). Viens de finir mes céréales, apte au travail ... J'entends le ricanement sadique en fond ... Il peut pas la fermer, ce petit con ?
To keeping silence I resigned
My friends would think I was a nut
Turning water into wine
Open doors would soon be shut

Today I dont need a replacement
Ill tell them what the smile on my face meant
My heart going boom boom boom
Hey, I said, you can keep my things, theyve come to take me home.
( Solsbury Hill, Peter Gabriel )
Et à quoi sert la musique, vous dira-t-on ? Ben à ça, justement.

( le fameux cauchemar avec la sorcière aux cheveux gris courte sur pattes : Do you keep the conversation going ? Sourire machiavélique... Et là, je me réveille en criant, trempée de sueur ... Tu te rends compte de l'influence qu'ont ces crétins sur nous ? Que les personnes lisant cela ne se sentent pas visées, evidemment.) ]



Son visage perdit toutes ses couleurs et je me précipitai sur lui, de peur qu'il s'évanouisse.
Il me tendit sans mot la page blanche froissée.

Alex,
Je ne sais pas par où commencer ...
Lucas avait un cancer. Il est mort dans la nuit de samedi.
Prends le premier avion et viens.
Hanoko

Pas lui ...
Je pris doucement Alex dans mes bras, et caressai ses cheveux. Pour la première fois depuis une éternité, il ne se comporta pas en homme [ ^^ ], et je sentis ses larmes ruisseler le long de mes épaules et couler sur mon ventre.
Stop and check (aaaaaaaaaaaaaaaaah ... pitié, je suis innocente).
A force d'être trop maternée par mon époux, je ne savais pas quoi faire dans la situation où c'était lui qui allait mal.
Non que je ne sois en rien affectée par la mort de son meilleur ami. Mais ma peine était dérisoire à côté de ce que devais être la sienne, donc elle ne méritait pas que je m'y intéresse. Priorité au conjoint.
Une vie de sacrifices ...

De peur de sortir encore une connerie, je me tus, et nous restâmes figés, enlacés dans l'éternité. Un ange passa.
- Tu viens avec moi ? finit-il par murmurer.
- La pile de tes slips est posée sur le lit, répondis-je sur le même ton. Habille Milo, je m'occupe des bagages. Préviens Cyrille.

Je me lançai immédiatement dans l'empaquetage, puis rangeai la maison en déposant les denrées périssables sur le rebord de la fenêtre pour les gamins vivants aux alentours.
M'occuper les mains me fit du bien, mais je m'appliquai néanmoins à ne pas tout jeter par terre en m'arrachant les cheveux.
Je devenais vraiment douée pour cacher mes émotions, et surtout ma peine qui menaçait d'exploser à tout moment. Sauf qu'il vaudrait mieux que je sois seule à ce moment. Question de sécurité.

Rompus à cette exercice, une demi-heure plus tard nous nous retrouviions à l'écart de la ville, tous nos bagages à nos pieds, Milo dans les bras d'Alex, attendant qu'Esam arrive avec son cockpit.

Il nous déposa au plus grand aéroport local, et Alex se dirigea vers le comptoir. En anglais, il essaya tant bien que mal de se faire comprendre et de nous acheter trois billets pour le prochain vol.
Il finit par abattre son poing sur le comptoir, envoyant valser une montagne de prospectus vantant des voyages hors de prix à l'aide de mannequins au sourire figé.
Il cria quelque chose dans la langue locale, tira sur le col du réceptionniste et l'attira à deux centimètres de son visage. Cette violence ne lui ressemblait guère, et au lieu d'intervenir, je restai là, serrant du mieux que je pouvais mon fils.
Le réceptionniste répondit par un borborygme, et Alex le relâcha.
Une minute plus tard, il revenait, trois billets première classe à la main pour le vol à destination de Bordeaux. Correspondance directe. Nous avions de la chance.
Dans le sens du terme le plus restreint.


Lorsque nous survolâmes le détroit de Gibraltar, je me tournai vers Alex. Enfermé dans son mutisme, il n'avait pas décollé ses lèvres depuis le décollage.
- Dis quelque chose.
- Dire quoi ? Que Lucas est mort ? Que c'est triste, que perdre un ami est déchirant ? Ca n'y changera strictement rien, tu entends ? Rien !
A mesure qu'il avançait dans sa tirade, sa voix s'échauffa, et plusieurs passagers se tournèrent vers nous, se demandant ce qui le faisait crier.

Je posai timidement sa main sur la sienne, et il la serra fort.
Très fort.

[


Les Voltui promettent ! Surtout Jane, j'adore ses yeux rouges !
(par contre, en effets spéciaux, avec leur budget, ils auraient pu faire beaucoup mieux, tout comme l'autre con avec ses stupides froncements de sourcils, c'est dur de se rappeler le script, allez, un petit effort, on y croit ... mais quel con, ce nain ...)
Le film sort un mercredi ... ^^

Il a beaucoup plu ce jour-là.
Pas seulement chez moi, mais en général.

Il a vachement plu.


Devant la tombe d'un proche, que dire ? Des regrets ? Des remords ? Des souvenirs ? Des projets ? Le passé ? Le futur ? Des noms ? Des lieux ?

J'en sais rien moi, je ne suis pas doué pour les demandes en mariage alors pour les oraisons funèbres...

Moi j'ai juste dit "Tu me fais chier."
Youhou.
Vous gagnez un niveau.

Mais c'était juste le présent, une constation, pas même une plainte, juste un état des lieux.
Stop and check.

Et le problème justement, c'est que mon monde était devenu bancal, alors va faire un état des lieux construit et sensé quand tout tangue autour de toi.


Heureusement, un point, une lumière.
Un gazouillement.
Et des yeux gris.


Je pris une guitare et fis ce que je pensais être le mieux.
Pas que je pensais que Lucas apprécierait, il était mort. Il n'appréciait plus rien du tout.

Non, juste que j'imaginais que ça pourrait faire plaisir à certaines.
Je ne visais personne en particulier.

Such a lonely day
And its mine
The most loneliest day of my life.


Des fleurs posées sur un simple morceau de granit.

- Alex ?

La voix de celle qui a perdu le désir de vivre et ce qu'elle aimait le plus.
Je m'approchai et la serrai dans mes bras.

- Hanoko... je serais toujours là si tu as besoin d'un bras pour te soutenir.

- Alors, dis moi ce que ton bras ferrait à ma place.
- Vis.

- Mais...
- Pas de mais. Vis et souris.


- Alex...
- Oui ?
- J'ai perdu l'homme que j'aimais et j'ai fait une fausse couche. Tu veux que je souris.







- Oui.




_

Hanoko et Lucas était aussi venus.
Eux ne comptaient pas se marier mais allaient aussi avoir un enfant.
- T'es énorme Hanoko ! avais-je lancé comme bonjour.
- Elle est enceinte, crétin, lança mon ami.
- Je suis content que vous soyez là.

Si tu ne te souviens plus de ce que t'as écrit, on a un léger problème ... enfin, tu as un léger problème.
Je te laisse arranger ça pour ... mercredi prochain ??

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"dans un article de Variety on apprend que "The Host" ("Les âmes vagabondes") va être adapté au cinéma."

"Les Producteurs Nick Wechsler, Steve et Paula Mae Schwartzont utilisé leur propres fonds pour acquérir les droits de "The Host", le premier roman pour adultes de Stephenie Meyer, auteur de la saga Twilight. Andrew Niccol sera en charge de l'écriture du script et de la réalisation."

Encore un massacre en vue ?

[ Panne totale ...
Il est grand temps de passer à la révision (ou voir de se recycler) ... ]

[ De se recycler ? En quoi ?

J'ai régler mon PETIT problème.
Ça rajoute du drame.
J'me demande si elle va pas se suicider la pauvre.
Ou alors j'lui trouve un autre copain...
Tu pense que je lui sors ... hum... nos lecteurs me lises.
See, doc suggestions. ]

Le stéréotype mondialement connu ... La pluie durant l'enterrement.
Les parapluies noirs déployés, entourant le cercueil blanc.

J'imaginai parfaitement Alex à la place de Lucas, enfermé dans cette boîte blanche.

Dire que cet homme, que j'avais vu pour la dernière fois à mon mariage, souriant, plein de joie de vivre la guitare au côté ... Le savoir mort, blanc et immobile ...

Tour à tour, les proches, puis les amis lancèrent une rose sur le cercueuil descendu dans le trou.
Puis ils le refermèrent.

Je restai là, plantée devant la tombe, la pluie dégoulinant sur mes cheveux détachés, et j'entendis, juste derrière moi Hanoko et Alex.
Comme je savais sa douleur justifiée. Mais je ne pouvais pas vraiment compatir. Comprendre cette peine était impossible si on ne l'avait vécue.

Allez, se reprendre en main.
Je les rejoignai, et proposai d'aller boire un remontant à notre appartement - que mes parents avaient pris soin de conserver durant notre absence-.

Ce fût un cortège de voitures transportant le groupe d'amis de terminale d'Alex qui se gara devant le bâtiment. Je montai la première, laissant les autres arriver, pour ouvrir les volets.
Apparemment, ma mère avait fait un brin de ménage, vu la propreté impeccable des lieux.
Alex rentra le premier, suivi d'Hanoko.
Nous avions laissé Milo chez les parents d'Alex pour la journée.
Je sortai des verres et une vieille bouteille de cognac qui traînait depuis des lustres entre ces murs.

N'ayant pas assez de chaises pour tout le monde, nous nous assîmes sur le tapis du salon, verres en main.
Certains rappelèrent des moments qu'ils jugeaient inoubliables, d'autres se noyaient dans leur verre.
La sonnette interrompit Alex.
- Laisse, j'y vais. C'est sûrement le concierge.
J'allai dans le corridor pour ouvrir.
- On a apprit que vous êtiez dans le coin !
Je les repoussai dehors et sortai avec eux.
- Ce n'est pas le moment. Vous pouvez repasser dans dix ans ?
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Un ami est mort.
- Merde. Désolés d'arriver au mauvais moment.
- C'était Lucas, celui qui faisait de la guitare au mariage.
- On peut se joindre à vous ?
- Si tu fermes ta grande gueule, oui.
Je rentrai à nouveau; suivie par Matt et Audrey.
Ils s'assirent, et la veillée funèbre reprit.

Sauf que leur présence avait réchauffé nos coeurs.

Nous avait rappelé que la vie continuait.

Même s'il pleuvait. Même s'il faisait sombre.

Même si nous avions perdu quelqu'un.

Quelqu'un d'irremplaçable.
Le but d'une vie. Au moins lui avait réussi.

Hanoko avait repris quelques couleurs, et je suivis son regard curieux.
Matt.
Vraiment doué, ce con.

Une légère brise soufflait en douceur sur mon visage. Je m'étais appuyé à la balustrade de notre ancien appartement et j'observai la ville endormie. De rares fenêtres éclairées dégageaient une faible lueur dans la nuit.

- Tu ne dors pas ? Il est tard tu sais, dit Nola en venant à mes côtés.

Je passai un bras autour de sa taille et je déposai un baiser sur le front de Milo qu'elle tenait entre ses bras.

- Je réfléchis.
- Ah, et... ?
- Et, j'étais en train de me dire qu'il valait sûrement mieux qu'on reste ici.
- Pourquoi ?
- Pour toi, Milo, et... parce que je suis fatigué...

Nola partit pour déposer notre fils dans son berceau et elle revint, vêtue d'un pull plus épais. Je ne m'en étais pas rendu compte mais l'air s'était rafraîchit. Sans un mot, elle reprit sa place et me regarda fixement.

- Ne me fixe pas comme ça.

Je sentais son regard comme s'il était physique, comme une morsure brûlante sur mon visage.

- Sérieux, arrête, dis-je en tournant la tête dans sa direction.
- Mais...
- Mais quoi ? demandai-je tout bas.
- Tu... veux qu'on fasse quoi ici ?
- Tu veux faire quoi là-bas ?
- ..., fut sa seule réponse.

- Ici, Milo pourra aller à l'école. Tu pourra ouvrir un resto, comme tu l'a toujours voulu, mais cette fois-ci, un mieux, et... je sais pas moi... On se réconciliera avec le monde moderne.
- Milo, ok. Moi, ok. Mais toi ?
- Moi ?
- Oui toi. Tu vas faire quoi ? Essayer d'intégrer un hôpital ?
- Pff, j'ai envie de laisser tomber.
- Quoi ? Mais c'était ta vocation. Tu étais fait pour aider les gens ! Et tu le faisait si bien ! Pourquoi ?
- A quoi ça sert d'aider des gens si j'arrive même pas à garder en vie ceux que j'aime ?

Elle se blottit encore plus contre moi et cala sa tête dans ma nuque.
Elle laissa passer un instant avant de continuer.

- Et donc ?
- Je verrai. J'improviserai. Littéralement.

Je la serrai contre moi et passa mes mains dans les poches de son jean, la tenant collée contre moi.
Elle m'étreignit et chuchota dans la nuit :

- Ok, on fait comme ça. It suits me.
- But hurry up, darling. Time is flying.

Time is fying up. So what ?
Sous prétexte d'une mort certaine, on devait se précipiter ?
Peut être pas aller vers l'autre extrême, et vivre au ralenti, mais quand même ...

- Pourquoi tu culpabilises ? Il avait un cancer, et même si tu avais été au courant, tu n'aurais rien pu faire.
- Justement ! Rester là, planté comme un con, et attendre ...
- Alors quoi ? Tu vas inventer un vaccin contre le cancer ?
- Pourquoi pas ...
Je saisis son menton entre mes doigts, et attendit que ses yeux daignent rencontrer les miens.
- Je comprends ta peine et je la partage. Mais je t'interdis de te sentir coupable de sa mort, parce que tu n'y es pour rien, compris ?

Il ne répondit pas, et excédée, je rentrai me faire une tisane.
Camomille. On allait enfin tester si les vertus relaxantes de cette plante étaient ausssi efficaces qu'on le prétendait ...

J'aurais voulu accelérer le temps. Voir la peine au fond de ses yeux, c'était si désarmant, et je ne savais pas quoi faire.
L'emmener chez un psy, tant que j'y étais ...

Seul le temps pourrait faire son oeuvre. Prendre son mal en patience. Un peu dur quand tout arrive sur un plateau ...
Tasse en main, je m'asseyai sur le sofa et ramenait mes genoux contre ma poitrine. J'allumai la télévision et zappai.
Le zapping ... Un moyen de faire le point, de façon desinteressée, en se disant qu'on ne perd pas son temps à philosopher au fond de son lit en se causant des insomnies ?

Pub. Merde. Show Televisé. Pub. Dior j'adore. Ben moi pas. Télé réalité. La vie est un long fleuve tranquille. Star academy. Pub.

Heureusement qu'on avait inventé la télé réalité ! Voir les conneries des autres était donc si rassurant ? Notre vie était donc si ennuyante au point d'en arriver là ? Pauvre France [ dixit prof de maths de G] ...

J'éteignis la télé, et avalai ma tisane froide.
Je faillis recracher la moitié sur la tapis.

Peut être pas assez de sucre ?




Peut être pas assez de douceur ?

[ Enfaîte j'avais pas l'intention de me culpabiliser. Pfff, maintenant faut que j'improvise. D'ailleurs t'as pas compris mon allusion. J'attendais mieux que ça de ta part... ]

Je me détournai de la vue -assez médiocre, soit dit en passant- et je rentrai, fermant derrière moi la porte fenêtre.

- Je n'ai pas l'intention, pas le courage ni le temps de trouver un vaccin contre le sida, commençai-je en m'approchant de Nol. C'est pas ma branche la recherche. Pour ça faut demander à des chercheurs. Et si ces chercheurs sont aussi des trouveurs, alors là, pourquoi pas. Mais je vais pas me lancer là-dedans. Je sais que je ne suis pour rien dans la mort de Lucas, mais je m'en veux de ne pas avoir été là dans ses derniers instants. Je ne parle pas des cinq dernières minutes. Je parle des cinq dernières années...

Je m'assis sur le canapé et mon épouse jeta le fond de sa tasse dans le palmier en pot qui tentait en vain de pousser juste à côté . C'était peut-être parce qu'on lui donnait tous les fonds de verres qu'il avait cette afreuse teinte jaune...

- Tu as déjà remarqué que notre fils fait ses nuits tout seul ? Il ne se réveille pas en plein milieu pour hurler à mort.
- Ouais. Tu pense qu'il va bientôt commencer à parler ? Il va bientôt avoir quatorze mois.
- Pfff, déjà quatorze mois de passer...
- Hurry up, darling. Time is flying.
- Tu te répète mon vieux, et ne dit pas que c'est l'âge...
- Je t'aime...
Je la serrai contre moi et l'embrassais tendrement. Elle me regarda et me sourrit en commençant à déboutonner mon pantalon.
Je la pris dans mes bras et l'emmenai dans la chambre à coucher. Nous y fîmes l'amour comme pour nous réconcillier avec un nouveau commencement.
Retour au point de départ.
Sauf que rien n'était plus pareil.

Au petit matin, un rayon de soleil audacieux vint me toucher entre les yeux et me réveilla. J'admirai ma tendre et délicieuse femme enroulée dans les draps blancs et, lui faisant un baiser dans le cou, je me levai.
Je me goinfrai rapidement de deux tartines beurrées avec une tonne de miel dessus.
Je m'assurais que mon fils dormait toujours.
Je mis un jean et un pull en cachemire -c'était du coton mais faut pas le dire.
J'ouvris la porte d'entrée et me mis en quête dans journal.
Celui-ci enfin trouvé, je m'assis à la terrasse d'un café et j'entrepris d'éplucher les petites annonces.

-Garçon ! Vous avez un stylo ?

Je fis cinq magnifiques cercles -, d'accord, c'était plutôt des grosses patates- et je sortis mon portable de ma poche. Plus de crédit. J'allais dans un magasin qui m'en fournit pour la somme dérisoire de dix euros et j'appellai.

- Bonjour, je vous contacte au sujet de l'annonce dans le journal. J'aimerai bien visiter. C'est possible aujourd'hui ?

J'allais lui faire une petite surprise à ma belle au bois dormant...

[ I see, miss, I see ...

Enfaîte ... Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !!!
Comme quoi les dix en dictées n'ont pas porté leurs fruits ...

Pitié, corrige-moi ça !

J'oubliais, ne sois pas trop longue.
Et moi aussi, ça, ça m'énerve ]

[



J'ouvris les yeux pour immédiatement les refermer, aveuglée par le soleil matinal.
11h30.
Plus très matinal ...

Je me levai, et entortillée dans le drap, je cherchai une tenue et allai prendre une douche.
Le jet d'eau glacé acheva de me réveiller.

Alex n'avait laissé aucun mot. Quand la partie de cache-cache prendrait fin ?
Peut être était-il parti chercher Milo chez ses parents ?

Je l'appelai sur son portable, qui sonna occupé.
Et je fais quoi ? Je devine ?

Je pris le bloc notes et lui notait rapidement, s'il rentrait avant moi, le programme de la journée.

Merci pour ton mot, ça fait toujours plaisir de savoir ce que tu fabriques ... (attention aux traces de rouge à lèvre sur la chemise blanche, c'est détectable à cent mètres)
Je passe à la banque (il y a tellement plus de choses importantes que l'argent, et il faut tellement d'argent pour les obtenir*), faire les courses, acheter un berceau en ville, un grille-pain, une râpe à fromage, du gel douche et de la mousse à raser, et des trucs dans le genre.
Je cherche Milo vers 16 heures, si tu peux y aller avant moi et me retrouver en ville, parce qu'en général les courses pour bambin, ça se fait en couple ...

Je dévalais l'escalier - ascenceur en panne, comme dans tous les immeubles de grandes agglomérations dignes de ce nom -, et sautais les cinq dernière marches ( et, accessoirement, en me tordant la cheville).
Boîte aux lettres vide.
Pas de nouvelles, bonnes nouvelles ?


Je faillis égorger le banquier, qui après une demi-heure de parlementages, ne voulait toujours pas débloquer notre compte-courant.
Les bonnes vieilles méthodes sont toujours les plus efficaces ...
Je tirai sur le col de sa chemise impeccablement repassé - merci, femme au foyer, heureusement que tu es là ... -, et approchai son visage du mien.
- Tu m'emmerdes avec la procédure, dis-je avec un sourire carnassier. Alors tu débloques mon compte maintenant, tu me donnes ma carte maintenant, tu me souhaites une bonne journée et je m'en vais. C'est clair ?
- Mais je ...
Mais quel con tu es, oui ...
Je déposai un baiser sur sa joue.
- Ca ira plus vite comme ça ?

Il finit par faire ce que je lui demandai, et il glissa avec sa carte son numéro de téléphone, que je déchirai et lui balançai à la figure.
- Je suis mariée ! lançai-je joyeusement en quittant le bureau.

J'allai au supermarché, et remplissai à ras-bord un caddie.
En ville, je m'achetai un pot de marrons chauds [ ].
Retrouver la civilisation était plutôt agréable.
Plutôt beaucoup, même.
Citadine et fière de l'être.

Je fis chauffer ma toute nouvelle carte bancaire dans pas mal de magasins - chaussures, vêtements pour mes deux lapins, livres, cd ... -, et me retrouvai pour finir dans une boutique de vêtements exclusivement féminins pour enfin me consacrer à mon dressing personnel.

Alors que je flânais entre les rayons, deux mains chaudes se posèrent sur mes yeux, et la voix que j'avais attendue toute la journée murmura au creux de mon oreille :
- Surprise ...


( * Groucho Marx )

Pour réparer ton inculture ...




Et la première vidéo, regarde comment lui, il gère ... (eurovision de la chanson 2009, c'était le seul correct ... tous les autres des sados-masos, comme disait ma tante !)

- Ah bah t'es enfin là ! Et il est où Milo ? interrogea Nola en découvrant son absence.
- A ton avis ?
- Toujours chez les grands-parents ?
- Gagné.
- C'était pas dur... souffla-t-elle.
- Tu fiches quoi de beau ?
- Je choisis des soutient-gorges. Tu préfère le rouge ou le blanc ? demanda-t-elle en brandissant sous mon nez deux cintres.
- Et que dis-tu du noir qui était en vitrine ?
- Celui avec la dentelle qui était vachement transparent et tout petit ?
- Euh... ouais, ça doit être ça.
- Oublie.
- Mais... protestai-je.
- Pas de mais !
- Et toi ? T'as fichu quoi pendant cette journée ?
- Et si je te montrais au lieu d'essayer de t'expliquer ?
- Vas-y ! dit-elle en levant les yeux au ciel. J'te suis. Comme toujours.


Je la fis sortir du magasin, prendre la première rue à droite, tourner trois fois à gauche, traverser une rue piétonne, demander mon chemin car nous étions perdus, puis finalement prendre une rue parallèle pour arriver à une petite placette, à quelques rues de notre appart'.

Je sortis une clef de ma poche, et conduisit Nola devant un ancien restaurant.

La devanture était noire de saleté, on n'arrivait plus à lire le nom qui y été écrit, et les murs semblaient sur le point de s'effondrer.

J'ouvris la vieille porte en bois.
A l'intérieur, une vaste pièce, éclairée par quelques fenêtres, un comptoir en face de l'entrée, du parquet vernis et une lampe défaillante. Juste à côté, une porte donnait sur une cuisine carrelée ou trônait majestueusement un grand frigo, une plaque à induction, et un évier.


- Alors ? questionnai-je, tout fier. Tu trouve ça comment ?
- C'est pourri. C'est quoi ?

J'abaissai la tête d'un air abattu.

- Ça ma belle, c'est notre, pardon, ton restaurAnt.

Elle me regarda fixement et je sentis le besoin de m'expliquer.

- Bien sûr, il faudra acheter un peu de mobilier et de la vaisselle, et un four, et une lampe, et un téléphone, et un lave-vaisselle et des vivres aussi. Mais j'ai pensé que ça te ferai plaisir. Et rien de penser à ce projet ça m'emballe et j'ai l'impression d'être un vrai gosse. Alors, honnêtement, dis-moi ce que t'en pense.

Je fermai les yeux en attente du verdict.
Je l'entendis faire des pas, elle était sûrement en train d'inspecter les lieux.
- Rajoute du produit contre les rats sur la liste des choses à acheter, me lança-t-elle depuis la pièce d'à côté.

Je l'entendis revenir et s'arrêter devant moi.
- Moyen, constata-t-elle.
Elle pris ma main et s'approcha de moi pour m'embrasser.
- Il va falloir qu'on inaugure tout ça...
Elle passa sa langue dans mon cou et m'enleva mon pull-over...

[ Quelle réaction ...
Nola est donc si indélicate et blasée ?

Mal partout ...
Et de 11 à 12h, au minimum 15 minutes de morale ... Que je suis prévoyante ! ]

[ Naaaaan elle fait semblant.
Tu veux que je change ?

Comment vont Nola et Alex ? Ils tournent toujours en rond ?
( HAHA haha haha ....]

[ Qu'est-ce tu veux qu'ils fassent d'autre ? ]

- Mouais, souris-je, alors qu'il finissait de relacer ses chaussures. En attendant que je m'occupe de ça, je vais te montrer ce qu'est un vrai restaurant ... Mais avant, un choix s'impose à nous, qui va probablement déterminer l'issue du restant de notre vie ...Chinois ou italien ?
- Italien.
- Tu viens de remonter dans mon estime !
- J'avais baissé ?
- Au contraire, mon vieux, au contraire ...


Attablés devant deux pizzas dignes de son nom [ on connaît l'adresse !! ], je sortis un stylo de mon sac et écris sur un calepin la liste de tout ce qu'il y avait à faire pour le restaurant.
- Manque plus que les lunettes ...
Je lui lançai sa serviette à la figure.
- Et toi, il ne manque plus que des olives pour que ta tête ressemble à une pizza ...
- Je croyais que tu me trouvais séduisant ...
- C'était avant que tu me rendes dingue.
- Ca fait longtemps ...
- Que tu ne m'a pas rendue dingue ? Tu en es sûr ?

J'avalai ma dernière part de pizza.
- Si tu veux bosser pour moi, il te reste plusieurs choses à apprendre ... Comme te tenir convenablement à table, par exemple ...
- Je suis très convenable ! protesta-t-il.
- Alors enlève tes pieds de mes genoux, et demande l'addition, que tu paieras avec ta carte bancaire.
- En quel honneur ?
- Galanterie oblige ...
- Moitié-moitié ?
- Plus aucun romantisme ...
- Tu veux que je te chante la sérénade ?
- Tu veux travailler au restaurant ?
- Pourquoi pas ...
- Je m'occupe de ta formation.
- Magnifique, je sens que je vais souffrir.
- C'est pour ton bien.

Après avoir réglé, et on ne vous dira pas qui a dégainé sa carte, nous partîmes chercher notre fils.
En chemin, je pris sa main.
- Merci, murmurai-je. C'est un cadeau formidable.
- On a des courses à faire pour Milo, je crois ?
- A moins que tu ne veuilles devenir un père indigne.
- Tu as toujours su que j'étais quelqu'un de formidable.
- Ca m'étonnait aussi que tu ne fanfaronnes pas après un compliment.
- Les gens changent.
- Les gens ne changent pas.
- J'ai invité ta soeur et Matt pour ce soir.
- Et moi qui rêvais d'une soirée en famille.
- Ils font partie de ta famille.
- Notre famille.
- C'est la même chose.
- Ca t'embête si j'annule ?
- Guère convenable ...
- Leçon numéro 1. Les clients ont besoin d'être confortés, donc il ne faut jamais les contredire.
- Quel est le rapport ?
- On passe notre temps à mentir, alors un peu plus un peu moins, ça n'y changera pas grand chose.

Je sortis mon portable et appelai nos futurs ex-invités.
- Salut Matt, c'est la fille qui te sers de belle-soeur.
-Salut ! Tu veux qu'on ramène le dessert ce soir ?
- Au fait, c'est pour ça que je t'appelle. Ca ne va pas être possible.
- Pourquoi ?
- Je ne me sens pas très bien, j'ai passé la nuit à vomir ... Il se pourrait bien que je sois enceinte ...
Alex serra fort ma main.
- Eh bien félicitations !
- Merci. Faut que j'y aille. A plus !
Sans attendre de réponse, je raccrochais et me tournai vers Alex qui s'était arrêté et me dévisageait.
- Tu aurais pu me mettre au courant !
- De quoi ?
- De ça !
J'éclatai de rire.
- Je ne suis pas enceinte !
- Alors pourquoi tu le lui a dit ?
- C'est le premier truc qui m'est venu à l'esprit.
- Et on lui dit quoi, la prochaine fois ?
- Aucune idée. On peut le faire pour de vrai, aussi.
- C'est une idée qui mérite réflexion.
- Tu me feras connaître ta décision en temps utile, alors. Faut qu'on tourne à droite, il y a un magasin de puériculture dans cette rue.

Puériculture. Quel mot laid pour désigner quelque chose d'aussi fantastique ...

Dans le magasin, Alex choisit plusieurs peluches, un biberon vert phosphorescent, des draps Star Wars, une grenouillère blanche ...
Une poussette, un pot de chambre ...

Une overdose de fantastique entre peluches au sourire figé et d'objets inconnus à la pointe de la technologie.
J'en connaissais un qui allait devenir pourri gâté si on n'y prêtait pas attention.

Tu remarqueras que le mec est à la mode Hermax Jérusalem !
( comme mon cher prof de violon ... )

[ J'ai fini le fil L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux. (avec miss Johansson)

Tom Booker ne meurt même pas à la fin, quelle arnaque ...
( surtout avec le son pourri du magnétoscope, et qu'ils fichent en l'air la moitié de l'histoire ... )

- Qu'est-ce que tu penses de :
Culpabilité et désillisions/ Narcissisme et remords ( ça rappelle un peu beacoup trop Pride and Prejudice ... et c'est pas vraiment le sujet)/ Couleur cappuccino ?
Et ne me sort pas Zafi & Jules, sinon je t'égorge ]

[ Couleur cappuccino.
Ou Arabesque et chocolat ?

Pourquoi italien au fait ? ]

J'étais à genoux dans la poussière, un pinceau à la main, les yeux usés à force de chercher le moindre défaut des plaintes, défaut que je m'empressai de dissimuler sous une couche de peinture.

- Ça va mon ange ? me lança Nola du haut de son tabouret.
J'émis un grognement contrarié sans daigner la regarder.

Tout ça, parce que, soit disant, elle devait attendre les livraisons.
Je suis désolé, [ C'est vachement flippant de pas mettre de e à désolée en fait =D ] mais je ne suis pas d'accord. C'est pas une excuse pour glander pendant que je me tue à la tâche.

- Au fait, dès que t'as finit ça, n'oublie pas qu'il faut aussi lustrer le parquet.
Pour glander et pour me chercher des noises.

On toqua à la porte et Nola se dépêcha d'aller ouvrir pour dire aux livreurs où poser le lave-vaisselle.

Ce petit manège durait depuis quelques jours et j'en avais ras-la casquette.
J'avais repeint les murs en jaune soleil pour la grande salle et en blanc cassé pour la cuisine.
J'avais réparé le carrelage à côté.
J'avais déplacé tous les meubles jusqu'à ce que mon épouse soit contente.
J'avais astiqué le comptoir.
J'avais réparé les tiroirs, placards, armoires.
J'avais changé les ampoules.
J'avais aussi changé les lampes.
J'avais nettoyé la vitrine (pendant de longues et difficiles heures).
J'avais râlé et soupiré en silence.
Et pendant ce temps, qu'avait fait Nola ? Elle avait dit à des bonshommes où poser le four, quel radiateur réparer, comment accrocher l'enseigne, dans quel recoin mettre la vaisselle... Un travail de dingue quoi.

En passant à côté de moi, suivie par un lave-vaisselle, elle posa la main sur mon épaule en dessinant du bout des lèvres un magnifique sourire.
- Ça va être super ici, dit un livreur. Je vais essayer de revenir quand vous aurez tout terminé.
Elle fit mine de remettre sa chaussure et se pencha pour me murmurer un <> tout bas. Si bas que je ne pas sûr qu'elle l'ai vraiment dit. Après tout, comment une femme aussi cruelle et sadique pourrait-elle faire preuve de compassion ?

Dès que les livreurs furent partis, un homme âgé, tripotant entre ses mains une vieille casquette râpée apparut dans l'embrasure de la porte.
Nola s'approcha, tout sourire, et lui demanda se qui fichait là, à nous casser les bonbons. Évidemment, dans la bouche de Nola il y eu une déformation et elle dit simplement :
- Bonjour. Que puis-je faire pour vous aider ?

Le vieillard hésita et mit un certain temps avant de trouver comment nous poser sa question.
- Hé bien... c'est-à-dire que... well hum..., il prit son courrage à deux mains et continua d'un voix presque ferme. Je suis épicier. J'ai une boutique à deux rues d'ici. C'est ma famille qui produit ce que je vends. Sauf que, et bien, je ne vends pas grand chose justement. C'est pourquoi je voulais savoir si vous voulez que je vous fournisse.
- Heu... commença Nola, surprise.
- Vous avez déjà trouvé quelqu'un ? s'inquièta l'homme en ouvrant deux grands yeux inquiets.
- Non, mais c'est que...
Je m'approchai et pris le relai, voyant que Nola se savait pas quoi dire ou faire.
- Vous vendez quoi ?
- Des légumes. Des fruits aussi, en fonction de la saison bien sûr. De la viande. Pour le poisson et le pain, je peux m'arranger. Dans mon village, il y a tout. Sauf des customers, heu... des clients.
- Et des céréales ?
- Hein ?
- Pâtes, riz...
- Ah, oui ! Bien sûr ! Et farine, sucre...
- Vous vous appelez comment ?
- Mr. Evans.
- Vous pouvez nous ravitailler à quelle fréquence ?
- Tous les deux jours.
- Vous voulez combien ?
- Ca dépend de votre demande.
- Combien ?
- 300 ?
- Et si notre restaurent ne marche pas ?
- Et bien, tant pis.
Je lançai un regard à Nola qui cligna des paupières en signe d'approbation.
- Ca marche ! On se voit la semaine prochaine alors ? La veille de l'ouverture ?
- All right, répondit l'épicier en me serrant la main, heureux comme tout.

En refermant la porte, Nola me dit :
- Tu ne trouve pas que c'est un peu rapide ?
- Naan. Il a l'air "clean" ce mec.
- Clean et anglais...
- On dirait bien oui, souris-je. Tu as tort de t'inquiéter.
- D'accord. Alors va bosser ! me lança-t-elle avec un sourire carnassier.

Holly shit. What a terrible woman ! [ ]

Il retourna à ses plinthes, avec un sérieux frisant la provocation, masquant tant bien que mal son exaspération.
Difficile de passer du rôle d'époux déléguant à celui de larbin ...

Je repris ma place sur le tabouret du comptoir, l'abandonnant définitivement à ses occupations.
Je jubilais d'exercer pour une fois un contrôle sur lui. Quitte à être cruelle ... Autant enfoncer le clou jusqu'au bout.
Et cela revenait moins cher que d'employer un peintre, même s'il n'était pas aussi rentable et efficace.

Après avoir organisé toute la paperasse, je la transférais dans ma pochette et allais chercher ma veste dans la réserve.
- J'y vais, mon chou.
- C'est ça ...
- Rhooo, sois pas aussi grognon. Souris un peu, tu seras tout de suite plus mignon.
- Ca t'amuse de me rabaisser ? maugréa-t-il en me tournant toujours le dos.
- Oui !

Je sortais, et m'en allant, je me retournais pour jeter un coup d'oeil à la devanture qu'il avait achevé ce matin en manquant de se casser la gueule de l'échelle - et il ne m'avait plus adressé la parole le restant de la matinée, vexé de mon fou rire.
Pas mal.
Il manquait seulement le deuxième "o" à cookie ...

Je ne me souvenais pas qu'il fallait faire autant de démarches pour vendre quelques plats de nouilles.
Surtout que ces crétin ne m'avaient pas encore délivré la Grande Licence pour servir de l'alcool, et sans ça, c'était mort.

Armée de ma pochette et de mon stylo quatre couleurs, j'allais obtenir tout ce que je voulais.
S'occuper de tout ça ne revenait pas à se tourner les pouces.

Je passai d'abord à la mairie où on me fit attendre trois quarts d'heure, pour faire la déclaration, ainsi qu'aux services des douanes qui n'avaient pas daignés répondre à mon courrier, puis je téléphonai aux services vétérinaires et enfin dans un magasin spécialisé pour commander :
- les petites cuillères
- une machine à expresso
- deux grosses casseroles pour la tambouille du chef
- des ronds de serviettes
- cinquante litres de produit vaisselle
- des verres à vin
- des moules à tarte
...
On allait s'amuser ...
Après avoir réglé, tout en priant pour qu'il y ait encore assez sur mon compte courant, je passai dans un dernier magasin ...
Guère original, mais il fallait bien commencer par quelque chose ...


Trois heures après mon départ, je revins enfin au restaurant.
Alex finalisait enfin sa peinture et ne pipa mot jusqu'à ce que je lui tapote l'épaule.
- Quoi encore ?
- Bleu avec des flammes, ça te va ?
Il se retourna et regarda longuement le piano à queue bleu électrique.
Je fis signe aux déménageurs de ficher le camp.

Pendant qu'il s'approchait à pas mesurés, attention ça mord, je passai derrière le comptoir pour sortir une bouteille de champagne.
- Eh ben merci.
- Eh ben je l'ai pas acheté pour toi, mais pour le restaurant.
- Ce qui revient au même.
- Pas du tout.
- Tu voulais me faire plaisir, hein ?
- Je veux que tu joues tous les soirs, bien sûr gratuitement, que tu me ramènes un max de clients et tout ça avec le sourire. Et comme tu es mon époux, tu ne discutes pas.
- Tu rêves, ma belle.

Je pris ma coupe de champagne et enfilai tout ça cul sec.
Puis je pris sa main et le traînai dans la réserve.
- Qu'est-ce que qu'on fout là ?
- Les scènes de ménage, c'est dans l'intimité. Alors tu vas me dire quel est ton problème.
Je m'assis sur le congélateur.
- Si je t'assassine ici, je te mettrai dans le congélateur, et personne n'en saura jamais rien. Et je me ferais plein de fric avec ton restaurant.
- Viens mon petit. Juste histoire de rigoler ...

Il fonça sur moi et serra en étau mes mains.
- Il faudra passer demain au pressing pour chercher les nappes, dis-je sur le ton de la conversation, alors que ses lèvres étaient à quelques millimètres des miennes.
- Et mettre au point le menu ...
- Ce soir je fais des choux de Bruxelles et des tripes.
- On va se régaler.
- Comme à chaque fois que je fais la cuisine ...
- Tu devrais abandonner, cette carrière n'est pas faite pour toi. Si tu passes ta journée à te cacher dans la réserve avec moi pendant que le soupe crame, on va vite avoir des problèmes ...
- Du genre une troisième bouche à nourrir pour mon porte-monnaie ?
- Entre autres ...

Nouvel Album !!