Six mois s'étaient écoulés depuis que j'étais parti. Et depuis... rien. Le vide. Le néant. Aucunes nouvelles. Pourtant, j'avais essayé de la voir, de lui parler. Mais, quand j'étais allé sonné à sa porte, sa mère (encore elle !) m'avait sèchement déclaré que Nola n'était pas là. Tout comme la deuxième, la troisième, la quatrième.... et toutes les autres fois où j'étais allé chez elle. Mais un jour, alors que sa mère n'était probablement pas là pour m'envoyer paître, sa sœur Audrey m'avait ouvert.
- Oh !? Tu ne sais pas ? Elle est partie à l'internat de Vendée il y longtemps.
Une simple phrase. Qui brisa tous mes espoirs. Qui brisa mon cœur. Je la remerciais en essayant de garder le peu de contenance qu'il me restait. En vain. Je partais la tête basse, d'un pas lent. Puis je me mettais à courir. Aussi vite que le vent. Arrivé à "notre" endroit, j'hurlai toute la peine du monde...
Je me retournais dans mon lit, incapable de trouver le sommeil. Six mois que je n'avais pas de nouvelles. Aucun numéro pour la joindre. Aucune adresse pour lui écrire sans la surveillance de sa mère rien. Et toujours son image dans ma tête... Je m'allongeai sur le dos et regardai le plafond.
Dans la pénombre de notre chambre commune, un murmure s'éleva :
- Toi non plus tu ne dors pas ?
- J'ai toujours du mal à trouver le sommeil.
- Moi j'ai un prétexte, mais toi ? Pourquoi tu dors pas depuis six mois ?
Silence.
- Tu as pourtant tout : de bonnes notes, un bon pote, moi en fait, une nouvelle amie toutes les semaines, d'ailleurs je me demande toujours pourquoi t'as plaqué la dernière, elle était pas mal. Alors que moi... Moi la seule petite amie que j'ai réussit à avoir, qui m'aimait et que j'aimais, je l'ai perdu au bout de huit semaines et demies. Au bout de huit semaines et demies de bonheur...
Lucas commença à fredonner une chanson d'un vieux groupe français :
Ça fait mal,
Crois moi,
Une lame,
Enfoncée loin dans mon âme...
- J'te crois mon pote.
Lucas vivait mal sa rupture récente. Mais son ex aussi. Je me doutais donc qu'ils allaient se remettre bientôt ensemble. Pour moi par contre, c'était plus compliqué...
- Tu veux savoir la vérité sur moi et les filles ?
Un grognement approbateur répondit à ma question. Il pensait surement que j'allais encore lui sortir une connerie dont j'étais le roi, mais je n'ai été jamais aussi sérieux depuis longtemps. Depuis six mois en fait. J'avais caché toute ma vie d'avant mais maintenant, j'étais prêt à révéler ma blessure à ceux qui comptaient pour moi.
- Toutes mes "conquêtes" sont des vraies amies. Elle me demandent de sortir avec elles. J'aimerai dire non mais je vois dans leur regard que rien ne leur ferait plus plaisir que j'accepte. Alors je cède. Et puis elles se rendent compte que je ne les aiment pas plus que les autres. Alors elles partent. C'est stupide dit comme ça mais je sors avec elles uniquement pour leur faire plaisir.
- Pourquoi ?
- Parce que mon bonheur je l'ai trouvé il y a longtemps. Et j'ai du partir. Elle a du partir. Pour rester dans le mélodramatique à la Kyo, ça pourrait faire :
J'ai longtemps parcouru son corps
Effleuré cent fois son visage
J'ai trouvé de l'or
Et même quelques étoiles
En essuyant ses larmes
J'ai appris par coeur
La pureté de ses formes
Parfois, je les dessine encore
Elle fait partie de moi
- Mais tu connais la suite mieux que moi, c'est toi le chanteur après tout !
Je ne sais pas comment mais je sus qu'il acquiesçait dans le noir. Il continua donc pour moi, je crois que je n'en aurais pas eu la force :
Je peux mourir demain
Mais ça n'change rien
J'ai reçu de ses mains
Le bonheur ancré dans mon âme
C 'est même trop pour un seul homme
Je l'ai vue partir, sans rien dire
Fallait seulement qu'elle respire
Merci d'avoir enchanté ma vie
- Elle s'appelait comment ?
- Elle s'appelle Nola...
[ Les chansons sont : Je saignes encore et Dernière Danse, de Kyo toutes les deux. ]